vendredi 27 novembre 2009

UN EXCELLENT ARTICLE DE GUILLAUME DE THIEULLOY DANS "LES 4 VERITES"



Thieulloy (de) Guillaume


mercredi 25 novembre 2009

La France abimée Xavier MartinJ‘ai déjà eu l’occasion de dire dans ces colonnes (n° 654) "Régénérer l’espèce humaine,
de Xavier Martin"

toute l’admiration que je portais au travail du Professeur Xavier Martin.

Cet historien des idées politiques, spécialiste de la pensée politique de la Révolution, est en retraite de l’enseignement… mais non de la recherche, puisqu’il publie imperturbablement – chez l’excellent éditeur Dominique Martin Martin – un nouvel ouvrage tous les deux ou trois ans. Et chacun de ces ouvrages est une merveille !
Le dernier ne fait pas exception. Xavier Martin a eu l’idée (qui, à ma connaissance, n’a aucun précédent) d’étudier dans la littérature, les déclarations des hommes politiques et les articles des journaux, l’image que les contemporains avaient eue de la Révolution.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est édifiant. Il tient tout entier dans le titre de ce dernier ouvrage : « La France abîmée ». Pour l’immense majorité des contemporains en effet, la Révolution a été perçue comme un déclin. De toute évidence, Xavier Martin ne fait pas partie des zélateurs des « grands ancêtres » (pendant que nous en sommes à sonder les reins et les cœurs, je puis bien avouer que moi non plus !). Mais c’est un universitaire scrupuleux. L’objet de son ouvrage n’est pas de « mesurer » ce déclin, réel ou supposé. L’auteur s’est fixé un but beaucoup plus limité, mais aussi beaucoup plus original et intéressant : montrer que les contemporains ont, quant à eux, éprouvé ce sentiment de déclin. Et, naturellement, ce qui est le plus intéressant dans cette enquête, c’est que ce sentiment de déclin de la France n’a pas été éprouvé seulement par les contre-révolutionnaires, mais aussi par les républicains. Ce déclin n’est pas tant, dans les esprits, un déclin militaire, politique ou économique, qu’un déclin de la civilisation.

On connaît le mot célèbre de Talleyrand : « Qui n’a pas connu l’ancien régime n’a pas connu la douceur de vivre. »

Mais on pourrait imaginer que le vieil aristocrate perce encore sous l’évêque constitutionnel, soutien de tous les régimes de 1789 à la Restauration ! En réalité, ce point de vue est très largement partagé.

C’est ainsi que le républicain La Révellière-Lépeaux, demeuré républicain même sous Bonaparte, regrette
« l’heureux état intermédiaire où l’ancienne gaieté française, sans son ivrognerie et sa grossièreté, régnait encore » (que dirait-il, le malheureux des amusements de ses lointains descendants !…), ou encore le temps où l’on observait partout « le ton d’une bonne éducation avec la simplicité de la campagne » (cité p. 96). Le grand libéral Benjamin Constant, aussi peu fidèle aux Bourbons que possible, a quant à lui défendu la monarchie capétienne en ces termes : « La monarchie française était le type d’une monarchie modérée par les mœurs et par l’opinion. » (cité p. 97)
Et Mme de Staël, fille de Necker et maîtresse de Constant, elle non plus guère dévote de l’absolutisme, ajoute en écho : « Ce qui m’est odieux dans la Révolution française, c’est le chaos dans lequel elle jette tous les sentiments et toutes les idées. Je ne sais plus où est le vrai, le beau, le juste. » (cité p. 210) Malicieusement, Xavier Martin rappelle les mots fameux de Montesquieu : « La liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir. » Et les met en regard de ceux-ci, moins connus, de Camille Desmoulins : « Nous avons pu chercher à persuader au peuple qu’il avait voulu être libre. » (cité p. 103-104).
Est-il besoin d’ajouter que les contemporains n’ont pas tous apprécié d’être forcés à être libres… D’où ce que rapporte un témoin allemand de la Terreur : « On ne voulait point incommoder le peuple par la vue de ses dirigeants » (cité p. 104) ! Ces échos assourdis de la Révolution, rapportés par des auteurs petits ou grands, sont assez impressionnants et constituent effectivement un dossier cohérent. La Révolution a sans doute marqué un réel déclin de la civilisation française, en coupant cette dernière de ses sources gréco-latines (quand bien même les révolutionnaires se prenaient pour les descendants de Sparte ou de Rome !) et judéo-chrétiennes.

Mais le Professeur Martin, quant à lui, est heureusement épargné par cette rupture de civilisation. Il écrit toujours aussi plaisamment et
cite avec une déconcertante facilité les classiques du XVIIIe et du XIXe.

Encore un ouvrage à lire, à relire et à faire lire !
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