mardi 24 novembre 2009

CERTAINS ADMIRENT LES COMMUNARDS -PAS MOI !


Louis Rossel

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Louis Rossel

Louis Rossel (Louis-Nathaniel Rossel), né le 9 septembre 1844 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et exécuté le 28 novembre 1871 au camp de Satory (Yvelines) (enterré à Nîmes), est un homme politique (un des principaux acteurs de la Commune de Paris) et colonel de l'armée française.

Il est le seul officier supérieur de l'armée française à avoir rejoint la Commune de Paris en 1871 (dès le 19 mars) et a y avoir joué un rôle important (Ministre de la Guerre).

Sommaire

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Enfance et carrière militaire [modifier]

Il est le fils du colonel officier de la Légion d'honneur Louis Rossel et de Sarah Campbell (Écossaise). Il a deux sœurs : Isabella et Sarah. Il est issu d'une famille bourgeoise protestante nîmoise (proche du milieu de ce que l'on appelait la « HSP » — Haute société protestante), et descendant de camisards cévenols (de Saint-Jean-du-Gard). La famille Rossel est profondément républicaine : son père, officier, refusa de prêter serment à Napoléon III.

Louis-Nathaniel Rossel est né à Saint-Brieuc où son père est en poste en tant que chef de bataillon d'infanterie. Il suit des études à Saint-Brieuc, Mâcon, Nîmes, puis plus longuement au collège de La Flèche (Prytanée national militaire) dès 1855 et devient polytechnicien en 1864 (Promotion X1862).

Rossel était un fin stratège, et eut l'occasion de rédiger de nombreux articles ou ouvrages sur l'art militaire. C'est également lui qui, lorsque paraît en 1869 le dernier volume de la correspondance de Napoléon Ier, démontre que les livres de stratégie attribués à ce dernier par la commission chargée de publier la correspondance, ne sont pas et ne peuvent pas être de lui. La commission frappée de la compétence et de l'esprit de ces judicieuses critiques, dut reconnaître que Rossel disait vrai.

Guerre de 1870 [modifier]

Il est, durant le conflit de 1870 opposant la France à l'Allemagne, capitaine du génie à Metz avec la dernière armée française d'importance. Il estime alors que la guerre peut encore être gagnée mais considère que certains hommes politiques (comme Adolphe Thiers) et maréchaux (comme François Achille Bazaine) ne le souhaitent pas. La raison de cette « abdication » viendrait du souhait de ces derniers, de restaurer un ordre moral conservateur voire monarchique. François Achille Bazaine, qui dirige le camp de Metz, n'ordonne effectivement pas d'offensive et finit par capituler. Louis-Nathaniel Rossel s'oppose alors à ce qu'il considère comme une trahison envers la patrie et le peuple.

À la capitulation, le 29 octobre 1870, il s'enfuit pour rejoindre le gouvernement provisoire basé à Tours en passant par la Belgique où le premier, il dénonce la trahison du maréchal Bazaine. Il souhaite s'entretenir avec Léon Gambetta et y parvient grâce à un ami polytechnicien. Rossel essaye de convaincre Léon Gambetta (déjà favorable à la résistance) de continuer le combat. Mais Léon Gambetta, bien que d'accord, est mis en minorité au sein de son gouvernement. Il fait donc rencontrer Louis Rossel et le délégué du Ministre de la Guerre, Charles de Freycinet, protestant comme lui. Ce dernier, dans l'incapacité de situer lui-même les armées françaises et de les coordonner, accorde à Louis Rossel le soin d'examiner les armées du nord et de former des officiers. Louis-Nathaniel Rossel s'y rend et revient quinze jours plus tard, estimant que sa mission est inutile. Rossel revoit alors Léon Gambetta et lui remet un rapport proposant des possibilités de reprise du combat. Léon Gambetta n'a plus d'influence et ne donne pas suite (il démissionne le 6 février 1871). Pourtant, ce rapport fut jugé ultérieurement très pertinent. Louis-Nathaniel Rossel est simplement envoyé par un général au camp de Nevers avec le grade de colonel. À cette époque il refuse la Légion d'honneur.

Commune de Paris [modifier]

Le 18 mars 1871, Paris se soulève, Adolphe Thiers déplace son nouveau gouvernement à Versailles avec l'armée régulière. Il interdit la plupart des journaux contestataires et prend des mesures autoritaires. Pour Louis Rossel, Adolphe Thiers pactise avec l'ennemi et abandonne le peuple.

Il décide alors de rejoindre la Commune de Paris le 19 mars 1871.

Le 22 mars 1871, il devient chef de la 17e Légion de la Commune.

Le 3 avril, il est Chef d'État-major.

Il considère alors que la Commune court à sa perte si ses soldats ne s'organisent pas.

En effet, la plupart désertent ou refusent tout combat alors même que l'armée régulière des Versaillais, très entraînée, se trouve aux portes de la capitale.

Louis Rossel devient Président de la Cour Martiale

mais démissionne, ulcéré par son manque de moyens et d'écoute.

Le Comité de la Commune, allant dans son sens, le nomme
Ministre délégué à la Guerre

en remplacement de Gustave Paul Cluseret. Cependant, les moyens lui manquent et l'armée des communards ne se bat guère (sur 40 000 hommes - et non 200 000 comme cela a souvent été annoncé - seuls quelques milliers se battent).

Louis Rossel ne souhaitant pas prendre le pouvoir total, démissionne avec éclat mais ne fuit pas la Commune.

Certains membres du Comité de Salut public (les anarchistes dirigés par Pyat) veulent sa mort mais d'autres le considèrent comme leur seul espoir.

Rossel reste à Paris, caché dans un hôtel du boulevard Saint-Germain. Il préfère être « du côté des vaincus, du côté du peuple ».

Les Versaillais l'arrêtent, le jugent deux fois.

La famille nîmoise de Louis-Nathaniel, des étudiants parisiens, des notables de Nîmes, de Metz, de Montauban, des protestants, Victor Hugo, le colonel Pierre Denfert-Rochereau et de nombreux intellectuels le défendent, en vain.

Adolphe Thiers propose à Louis Rossel de le gracier s'il s'exile à vie.

Il refuse, voulant assumer ses responsabilités, ne voulant pas trahir son pays et ses convictions ni soulager la conscience de Thiers.

Il est fusillé le 28 novembre 1871, à l'âge de 27 ans, au camp de Satory.

D'un point vue juridique, la sentence était pourtant illégale et constituait une erreur judiciaire [1]. Son exécution était pour Adolphe Thiers, motivée politiquement : « Il fallait faire un exemple... »

Louis-Nathaniel Rossel est enterré au cimetière protestant de Nîmes,

chez lui, aux côtés de sa sœur et de ses parents et non loin du tombeau familial Rossel-Dombre-Cadène. De vives manifestations en sa faveur éclatèrent dans la « ville romaine » lorsqu’il y fut enterré.

Certains hommes politiques lui ont plusieurs fois rendu hommage,
tels Charles de Gaulle et Jean-Pierre Chevènement.

Deux films retraçant sa vie (avec Sami Frey et André Dussolier) ont été réalisés.

Une multitude d'articles et d'ouvrages lui ont été consacrés ainsi que de nombreuses conférences (encore de nos jours).

Notes et références [modifier]

  1. voir sur ce point, l'étude de Maître Julien Larnac, 1871

Voir aussi [modifier]

Bibliographie [modifier]

  • Mémoires et correspondance, Louis Rossel, Préface de Victor Margueritte. (Stock, 1908)
  • Louis Rossel (1844-1871) Pensée et action d'un officier insurgé, Hubert Saint-Julien (Presses continentales, coll. Les documents français, 1962)
  • Le roman de Rossel, Christian Liger (Robert Laffont, 1998) ISBN 2-221-08743-7
  • La Commune et l'officier : Louis-Nathaniel Rossel, Gilbert Maurey (Éditions Christian - 2004)
  • La défense de Metz et la lutte à outrance, Louis Nathaniel Rossel, Paris, Le Chevalier, 1871. 61p.
  • La capitulation de Metz, Colonel Louis Rossel, Éditions De Broise, 1871, 15 p.
  • Derniers jours, Louis Rossel, 1871.
  • Papiers posthumes, Louis Nathaniel Rossel, recueillis et annotés par Jules Amigues. Paris, Lachaud, 1871. 381p. DC 342.8.R6 A4
  • Mémoires, procès et correspondance, Louis Nathaniel Rossel, présentés par Roger Stéphane. [Paris], Pauvert, 1960. 528p.
  • Le colonel Rossel: sa vie et ses travaux - son rôle pendant la guerre et la Commune - son procès, Edouard Gerspach, Études sur la Commune, Paris, Dentu, 1873. 230p.
  • Louis Rossel délégué à la guerre de la Commune (suite et fin), Anonyme, paru dans Germinal, et Brousse, Paul, paru dans Le Peuple.
  • Les Hommes de la Commune. Rossel, Étienne Marcel.
  • Une figure, Victor Margueritte, parue dans La dépêche de Toulouse, 26 février 1908.
  • 3e Conseil de guerre de Versailles. Affaire Rossel. Rapport. Interrogatoire. Audition des témoins. Réquisitoire, Paul Bizet, Plaidoirie complète de Me Albert Joly. Recueillis et mis en ordre par Paul Bizet. Paris, Sagnier, 1871. 52p.
  • 1871: la Commune et la question militaire (Cluseret-Rossel) ; textes choisis et présentés par Patrick Kessel. (Paris), Union Générale d'Éditions, 1971. 380p.
  • Abrégé de l'art de la guerre, extraits des (œuvres de Napoléon, Jomini, l'Archiduc Charles), annotés par L.N. Rossel, Paris, Lachaud, 1871. xix, 270p.
  • Louis Rossel à Metz (1864-1870), T. Tribout de Morembert in Europe Nos. 504-505 (1971), p. 80-931.
  • Rossel, 1844-1871, Edith Thomas, Paris, Gallimard, 1967. 495p.
  • Un officier et la Commune (L.N. Rossel), Albert Cervoni, in Cahiers du communisme (mars 1971), p. 102-1091.
  • Le Colonel Rossel. Metz 1870-Paris 1871, Charles Proles, Paris, Chamuel, 1898. 146p. DC 280.5.R65 Pro [Second copy bound with Marx, K. The Commune of Paris and other items in volume lettered Kommune 1871: 1, shelved in alphabetical sequence].
  • Un patriote: Rossel, 9 septembre 1844-28 novembre 1871, Elie Peyron, Conférence faite à la Maison du Peuple de Nimes le 31 mars 1900. Nimes, Maison du Peuple, 1900. 65p.
  • Louis Nathaniel Rossel et Paris, Jean-Hugues Carbonnier, article paru dans Causses et Cévennes, 3p.
  • Louis-Nathaniel Rossel, un Officier chez les communards, Nicolas Cadène, Conférence faite à la Société d'histoire du protestantisme français, pour le Club Cévenol de Paris, le 10 juin 2006.
  • Louis-Nathaniel Rossel, un Officier protestant chez les communards, Nicolas Cadène, Conférence faite à la médiathèque "Carré d'Art" de Nîmes pour la Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard, le 4 novembre 2006.

Filmographie [modifier]

Liens internes [modifier]

Source et lien externe [modifier]

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Les martyrs de Picpus

Retour sur une histoire douloureuse

Le destin de quatre picpuciens, quatre pères de la Congrégation des Sacrés-Cœurs, s'est joué, dans un quartier parisien, à Belleville, pendant la dernière semaine de la Commune de Paris, en 1871, le 26 mai.

Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Marcellin Rouchouze et Frézal Tardieu, ne regrettaient pas d’avoir choisi le chemin de la vie picpucienne. Témoins de leur foi et de l’Eglise, ils furent littéralement massacrés, rue Haxo, avec d'autres otages.
Leurs corps reposent depuis 1959 dans la crypte de l'Eglise Saint
Gabriel à Paris.

LA COMMUNE DE PARIS
Le Second Empire avait transformé Paris: modernisation de la capitale, nouveau plan de la ville avec Haussmann, développement des équipements collectifs. Certains quartiers, populaires, avaient été oubliés par cette modernisation. Paris comptait alors 1.850.000 habitants. Les conditions des ouvriers étaient précaires et la misère était de grande ampleur. Un mouvement des ouvriers commençait à s’organiser. Paris commence à s’agiter…
Ainsi, il y eut durant le printemps 1869 des troubles révolutionnaires. De plus, Napoléon III cherchait un moyen de gagner une nouvelle popularité.


Sur le plan international, la France s’inquiète de la puissance acquise par la Prusse après sa victoire sur l'Autriche-Hongrie en 1866, et de la volonté de Bismarck d'unifier l'Allemagne sous l'hégémonie de la Prusse.
La France déclare donc la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Mais, c’est vite la débâcle!
Le 7 août, Paris est en état de siège. Mac-Mahon sera obligé de capituler le 2 septembre à Sedan, où l'empereur Napoléon III est fait prisonnier avec 100.000 hommes.
Cette capitulation fut suivie de la proclamation de la Troisième République à Paris, Lyon et Marseille, le 4 septembre.
Dans le même temps, Paris est assiégé par 180.000 Prussiens.
Le siège décimera plus de 10.000 Parisiens et durera jusqu'au 29 janvier 1871. Paris capitulera le 28 janvier, signera un armistice et des préliminaires de paix à Versailles, le 26 février.
Les Allemands défileront de l'Étoile à la Concorde.
Picpus accueillera plus de 800 militaires. Mais, les républicains radicaux et les socialistes parisiens voulaient poursuivre la guerre.


C'est dans ce contexte historique que surgira la "Commune de Paris".

Thiers, chef du gouvernement, décida de désarmer Paris et de récupérer les 227 canons de la garde nationale regroupés à Belleville et Montmartre. L'armée régulière ne réussit pas à s'emparer des canons de Montmartre. Et pour cause: elle fraternisait avec la foule et la garde nationale!

Commence alors, le 18 mars l'insurrection de Paris.
Après l’assassinat de deux généraux communards, Thiers ordonne l'évacuation vers Versailles afin de ne pas se trouver piégé par les insurgés.


Un gouvernement révolutionnaire siégera à Paris du 26 mars au 29 mai 1871,(2 mois), refusant la capitulation de la France et s'opposant aux troupes gouvernementales d'Adolphe Thiers.

LE DECRET DES OTAGES
Massacre de le rue Haxo - décret des Otages La "Commune" édicta l’interdiction de dire la Messe dans les Prisons de Paris, le 25 mars et la séparation de l'Église et de l'État. Elle décréta aussi un "Décret des Otages", dans la nuit du 05 avril et qui sera rédigé par Protot: "La Commune de Paris, Considérant que le gouvernement de Versailles foule ouvertement aux pieds les droits de l’humanité comme ceux de la guerre: qu’il s’est rendu coupable d’horreurs dont ne se sont pas souillés les envahisseurs du sol français: Considérant que les représentants de la Commune de Paris ont le devoir impérieux de défendre l’honneur et la vie de deux millions d’habitants qui ont remis entre leurs mains le soin de leurs destinées: qu’il importe de prendre toutes les mesures nécessaires par la situation: Considérant que les hommes politiques et les magistrats de la cité doivent concilier le salut commun avec le respect des libertés publiques:

Décrète: Art. 1er: Toute personne prévenue de complicité avec le gouvernement de Versailles sera immédiatement décrétée d’accusation et incarcérée.
Art. 2: Un jury d’accusation sera institué dans le vingt-quatre heures pour connaître les crimes qui lui seront déférés.
Art. 3: Le jury statuera dans les quarante-huit heures.
Art. 4: Tous les accusés retenus par le verdict du jury d’accusation seront les otages du peuple de Paris.
Art. 5: Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera, sur-le-champ, suivie de l’exécution d’un nombre triple d’otages retenus en vertu de l’article 4, et qui seront désignés par le sort.
Art. 6: Tout prisonnier de guerre sera traduit devant le jury d’accusation, qui décidera s’il sera immédiatement remis en liberté ou retenu comme otage."

Les Troupes Versaillaises créées par Mac-Mahon entrent le 21 mai 1871 dans un Paris hérissé de barricades. Commence alors la "semaine sanglante," du 21 au 28 mai.
Du 23 au 26 mai, ce sont des incendies allumés par les Communards, mais c'est aussi le massacre de 700 de ces Communards (dits "Fédérés") au Panthéon, le 24 mai.
Après une série de massacres de part et d'autre, ce sera le 26 mai celui des Otages de la rue Haxo, suivi le lendemain de celui des 200 "Fédérés" au Père Lachaise.
Au total ce seront plus de quinze mille Communards qui seront massacrés du 22 mai au 15 juin par les "Versaillais" et environ 4 000 autres déportés en Nouvelle Calédonie.

LA COMMUNE DE PARIS ET PICPUS
Massacre de le rue Haxo - Picpus Le mercredi de Pâques, le 12 avril, deux groupes de fédérés pénétrèrent presque en même temps dans l'une et l'autre maison de la Congrégation rue de Picpus, chez les frères au n°33 et chez les soeurs au n°35. Le supérieur général, Marcellin Bousquet, est absent. Douze pères et un frère sont emmenés en prison à la Conciergerie. Les communards avaient emmenés ceux qui portaient une soutane. Du côté des soeurs, ce même jour, la maison est perquisitionnée.

Le tabernacle est forcé et les saintes espèces profanées.


La moitié des communards s'installa à demeure dans le couvent. Les soeurs n'avaient plus aucune vie privée. Les communards avaient soi-disant trouvé des ossements humains et les instruments de torture dans le couvent. Ils auraient même découvert des jeunes femmes dans des cellules grillagées. Des journaux publient des articles sur les mystères de Picpus. Des curieux veulent voir les lits à barreaux qui occasionnent tant d'excitation. La chambre de la supérieure générale est mise sens dessus dessous. Bon nombre de documents sont enlevés.
Le 5 mai, on arrêta de nombreuses sœurs (cf. décret des otages).
Les "Dames Blanches" de Picpus sont condamnées à des peines de prison. Soixante-quatorze soeurs et dix novices sont transférées à la prison Saint-Lazare avec la Supérieure Générale, Mère Benjamine Le Blais.

Le 24 mai, les troupes gouvernementales se rendent maîtresses de la prison. Ce n’est que le 29 mai que les soeurs rentrent à Picpus. Les dix novices feront profession le jour de la fête du Sacré-Coeur.
Le noviciat des Pères à Issy avait eu également à endurer des coups durs. La maison avait été endommagée par des obus au cours du siège des Allemands. Et, lorsque les Communards prirent le pouvoir, quelques membres de la Communauté se virent transférés à la Prison de la Prévoté. Le 18 mai, les Pères détenus furent libérés par les troupes gouvernementales et échappèrent ainsi à la mort.

LA SEMAINE SANGLANTE
Massacre de le rue Haxo Le 12 avril 1871, suite aux perquisitions à Picpus, 12 pères et 1 frère sacristain sont conduits à La Conciergerie, parmi eux, les quatre Conseillers du Supérieur Général: Ladislas Radigue, Prieur de la Maison Mère, Polycarpe Tuffier, Econome Général, Marcellin Rouchouze et Frézal Tardieu, Conseillers Généraux.
Le 17 avril, ils sont tous transférés à la prison de Mazas, pendant que l’on arrête le Fr. Stanislas Beunat. Il sera libéré car son mandat d'écrou n'était pas en règle. Une autre libération eut lieu le 25 avril, celle du P. Séverin de Nationalité Allemande, grâce l'ambassadeur des États-unis. Le P. Lafaye est envoyé à la Pitié, sur l'intervention de son neveu, complice de Rigault.

Les Troupes Versaillaises approchant, le 22 mai 1871, les Otages de Mazas sont transférés à la Prison de la Roquette, proche du Cimetière du Père Lachaise.
Le lendemain, plus de 300 fédérés seront massacrés à la Madeleine.

La réponse eut lieu sans attendre, les Communards massacrent, le 24 mai, 6 otages dont Mgr. D'Arboy,Archevêque de Paris;

Le lendemain, 700 fédérés tombèrent au Panthéon et cinq Dominicains d'Arcueil seront massacrés.


Le 26 mai, l'armée gouvernementale est à 300 m de la prison de la Roquette où se trouvent plus de deux cents "Otages", et parmi eux, un certain nombre de prêtres et de religieux…
Vers 15 heures, le Colonel GOIS et une soixantaine de Fédérés se rendent à la prison et somment le directeur de la prison de livrer 50 détenus: des gendarmes, des prêtres et des traîtres passés au service de la police des "Versaillais".

Il ne faut pas nier les sentiments antireligieux et anticléricaux de la plupart des Communards.

On lui remet 33 gardes de Paris, 2 gendarmes, 4 mouchards et 10 ecclésiastiques choisis au hasard: 3 Pères Jésuites, 2 autres prêtres, 1 séminariste et quatre Picpuciens: Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Marcellin Rouchouze et Frézal Tardieu.
Encadrés par les Fédérés, les Otages montent à pied jusqu'à la Cité de la rue Haxo qu'ils atteindront à 17h30. Malgré les réticences de leurs chefs militaires et cédant à une foule qui hurle à la mort,

les Fédérés tirent à volonté durant un quart d'heure sur les Otages, tous exterminés, devant un haut mur qui se trouvait rue du Borrégo…
Massacre de le rue Haxo - mur

"En ce lieu l'avant dernier jour de la Commune de Paris, le 26 mai 1871, vers six heures du soir, furent amenés de la prison de la Roquette, en un lugubre cortège, huit religieux, deux ecclésiastiques, trente-cinq gardes de Paris et quatre Otages civils.

En présence des derniers représentants de la Commune, ces quarante-neuf Otages furent massacrés par une foule en délire.

Prêtres sacrifiés à la haine antireligieuse, gardes de Paris et prisonniers civils victimes des passions politiques.

Ils ne sont pas tous morts pour la même cause, mais ils ont partagé les mêmes souffrances et subi le même sort. S'il faut sévèrement condamner les responsables du crime, on n'oubliera pas les événements tragiques qui se succédaient alors dans la capitale, les souffrances récentes de la guerre et du siège, l'amertume de la défaite, la répression inhumaine qui mettait fin, en ces, jours, aux excès de la Commune.

Gardons le souvenir de ces drames, non pour perpétuer des haines, mais, à la suite de Jésus-Christ, pour oeuvrer à la paix parmi les hommes". (Texte de l'inscription gravée sur le monument commémoratif du centenaire du massacre des otages en 1971, rue Haxo).


Le lendemain du massacre, les corps des "martyrs" sont jetés dans une fosse commune.

Les fédérés seront massacrés au Père-Lachaise. Ils auront le temps d’assassiner de trois autres otages et Mgr. Surat.

Le mouvement de la "Commune" est maté.


Le 28 mai, les "Martyrs" sont inhumés au cimetière de Belleville. Le 30 mai, c’est le frère Marin Fouquet qui marque les tombes des "Martyrs". Il identifiera les dépouilles. Aujourd’hui, elles reposent dans la crypte de l’Eglise de Saint Gabriel (20ème). Les pierres tombales des caveaux où reposaient les restes des martyrs dans la chapelle des Frères de Picpus, ont été disposées dans la petite chapelle située dans le jardin des Sœurs à Picpus…

█ SOURCES "La Commune de Paris" par William SERMAN, (Éditions FAYARD 1999) Archives de la Congrégation des Sacrés-Cœurs.

NOTRE DAME DES OTAGES
Massacre de le rue Haxo - Notre Dame des Otages Le 4 avril 1889, un Père de la Compagnie de Jésus célèbre pour la première fois la Messe sur le terrain où furent exécutés les Otages, dans un petit oratoire improvisé de 3 m sur 4 m. Il y reviendra ensuite tous les lundis.
En 1894 est construite sur ce même emplacement une petite chapelle pouvant contenir 250 personnes, avec quelques chambres aménagées au-dessus. Quant au catéchisme, il se fait dans 2 hangars voisins. Le 15 avril 1898 a lieu l’inauguration d’une chapelle plus grande, bâtie en matériaux légers. À partir de 1910, des Pères Jésuites viennent résider sur le terrain: c’est là, apprenant que la prison de la Grande Roquette allait être détruite, qu’ils font démonter les cellules occupées par les trois Pères Jésuites tués le 26 mai 1871 et les font reconstruire dans la cour du patronage. On pouvait visiter ces cellules jusque vers les années 1950, après quoi elles furent détruites ainsi que le mur, l’ancienne petite chapelle et les bâtiments de la communauté, pour faire place à "l’habitat communautaire" puis à la Maison des Jeunes et temporairement à un jardin d’enfants.

En 1932. le Père Diffiné de la Compagnie de Jésus est nommé à la chapelle de la rue Haxo où il s’adonnera à 19 années d’apostolat fécond, ainsi qu’à la construction de l’église actuelle Notre-Dame des Otages.

En 1933 est ouverte une souscription pour la construction de cette église, conçue est réalisée par l’architecte Barier: une chapelle de 45 m de long sur 18 m de large, en béton armé, avec des murs de pierre de taille, un clocher de 22 m de haut et 30 vitraux dans la nef. Les travaux commencent en 1936, et avec eux les difficultés matérielles: le sol instable impose la construction de 33 puits de béton reliés par des arches. Pourtant l’inauguration aura lieu le 23 octobre 1938, sous la présidence du Cardinal Verdier. C’est en octobre 1961 que la chapelle sera érigée en paroisse Notre-Dame des Otages avec la nomination d’un premier curé en la personne du Père Husson. Jusqu’en 1974, ce sont les Pères Jésuites qui assureront le fonctionnement de cette paroisse. Paroisse qui s’inscrira ensuite dans un Ensemble Pastoral comprenant aussi "Notre-Dame de Lourdes" 130 rue Pelleport et "Le Cœur Eucharistique" 22 rue du Lieutenant Chauré. Enfin depuis 1987, cet Ensemble s’inscrit dans un Doyenné comprenant en plus "Notre-Dame de la Croix", rue de Ménilmontant. █ SOURCE Feuille de présentation de la Paroisse Notre Dame des Otages

PRIERE DU PERE FREZAL TARDIEU
Massacre de le rue Haxo - Frézal Tardieu Me voici, ô mon Dieu, je viens pour faire votre volonté: gravez votre loi au milieu de mon cœur et faites-moi la grâce d’accomplir toujours ce qui vous est agréable. Ô très sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, mon Dieu et mon tout, je vous adore et vous rends grâces pour les bienfaits de ma création, de ma Rédemption, de ma conservation, des sacrements ineffaçables que vous avez institués pour moi, de ma vocation à la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie: en un mot, pour tous les autres bienfaits innombrables dont vous m’avez comblé moi et tous les hommes. Prosterné devant vous, ô mon Dieu, et tout couvert du sang précieux de votre Fils, je vous offre et vous consacre tout ce que j’ai, tout ce que je suis, mes pensées, mes paroles, ma santé, mes infirmités, mes maladies, mes biens, ma réputation, ma vie: Vous m’avez tout donné, je vous le rends tout pour être employé à votre gloire et au salut de mon prochain. Daignez ôter de moi tout ce qui vous déplaît et me donner tout ce qui peut vous être agréable. Dirigez-moi et possédez-moi selon votre bon plaisir. Accordez-moi, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, la grâce de ne jamais vous offenser, mais de faire toujours votre sainte volonté. Faites que j’arrive à la perfection de ma vocation selon l’esprit des ss.cc de Jésus et de Marie, afin que ma joie soit parfaite. Donnez-moi une bonne volonté ferme, persévérante et une profonde paix. Faites que, marchant toujours en votre présence, je vous trouve en toutes choses. Accordez-moi de tendre continuellement vers vous par amour et par reconnaissance, et d’arriver à vous par la palme du martyr, afin que je puisse vous louer, vous bénir et chanter éternellement vos miséricordes ! Amen! █ SOURCE Annales des Sacrés-Coeurs, 1898.

DE 1871 A NOS JOURS, histoire d'une cause
Massacre de le rue Haxo - Frézal Tardieu 12 avril 1871 Plusieurs frères et soeurs ss.cc sont en prison. C’est la "Commune de Paris". Picpus est envahi par les fédérés. 26 mai 1871 Massacre des 4 conseillers généraux en la Rue Haxo - Polycarpe Tuffier, Ladislas Radigue, Marcelin Rouchouze et Frézal Tardieu, ss.cc. 27 mai 1871 Les corps des "martyrs" sont jetés dans une fosse commune. 28 mai 1871 Les "martyrs" sont inhumés au cimetière de Belleville. 29 mai 1871 74 soeurs et 10 novices, pieusement appelés "les dames blanches," sont libérés de prisons et peuvent rejoindre Picpus. (Prison St Lazare). 30 mai 1871 Le frère Marin Fouquet vient s’informer et marquer les tombes des "martyrs." 31 mai 1871 On demande une concession au cimetière d’Issy pour les "martyrs." 08 juin 1871 Le Frère Marin Fouquet ss.cc identifie les dépouilles des "martyrs" de Picpus, pour une translation à Issy, où se trouve déjà le T.R.P Euthyme Rouchouze, ss.cc. 06 septembre 1872 Translation des "martyrs" de Picpus d’Issy à Picpus (chapelle du Sacré-Coeur), avec le T.R.P Rouchouze, ss.cc. 08 mars 1900 Ouverture du Procès des "martyrs" de la Commune. 08 août 1900 Clôture du procès des "martyrs" de la Commune (ouvert le 8 mars 1900) par le Cardinal Archevêque de Paris, Mgr. Richard. 13 mai 1903 A translations des 4 "martyrs," de Mgr. Bonamie ss.cc et T. R. P. Rouchouze ss.cc à Issy. 30 août 1912 A Quito, après une neuvaine et des intercessions après des 4 martyrs, Sr. Agneda a retrouvée sa voix perdue depuis un an. 10 janvier 1950 Les écrits des quatre "martyrs" de Picpus sont approuvés par la Congrégation des Rites; confirmation par le Pape le 12 du même mois. Les 9 et 10 mars 1959 Reconnaissance des corps des 4 "martyrs" de la Commune (à Issy les Moulineaux). On les amène dans la crypte de Saint Gabriel. 01 décembre 1964 Introduction de la cause des "martyrs" de la Commune. Septembre 1970 La cause des "martyrs" est arrêtée par le Chapitre Général de la Congrégation, laissant l'initiative à l'archevêché de Paris.

BIBLIOGRAPHIE
J. ROUGERIE, Le procès des Communards, ed. Gallimard, coll. archives, 1978, 268 pages. W. SERMAN, La Commune de Paris, ed. Fayard, 1999, 621 pages. J. ROUGERIE, La Commune de 1871, ed. P.U.F., coll. "Que sais-je?", 1988, 127 pages. Revue jésuite "ETUDES," numéro de mai 1971. Annales de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de 1897 à 1900. Père MOULY, Dans les flammes et le sang, ed. Lectures Missionnaires, Paris, 1961, 169 pages. J. MEDARD, La Commune et la Congrégation des Sacrés-Coeurs, Horizons Blancs n°48, 1971, p. 421 à 430. B. PERDEREAU, Les martyrs de Picpus, ed. Josse, 1871, 460 pages. Par un prêtre de la Congrégation, Picpus pendant la Commune, 1898, 245 pages.


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