CHRONIQUE DE LA COLALLAHBORATION : LEON-MARC LEVY
« D’arbres, de souches et de racines »
20 octobre 2009
Auteur : François
Il y a quelques années, alors directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel déclarait : « quand j’entends Français de souche, j’entends raciste de souche ».
Aujourd’hui c’est au tour de Léon-Marc Lévy de remettre en cause notre identité dans le même journal. Les hommes changent, la francophobie reste :
Certains parlent d’un « Français de souche »
y a longtemps que je trouve que c’est un drôle de mot « souche ».
A priori c’est végétal : « partie de l’arbre qui reste dans la terre après que l’arbre a été coupé ».
Dans nos vies très citadines, on l’utilise surtout dans une expression familière : « dormir comme une souche ». Tout cela donne de la chose une image plutôt inerte, je ne m’en servirais pas comme symbole du dynamisme en tout cas. Imaginez un peu : « Le MP3, c’est une véritable souche à votre portée ! » « Buvez Coca-Cola, vous vous sentirez comme une souche ! ». Ca la ficherait mal hein ?
Pourtant, il y a des gens qui n’arrêtent pas de s’en réclamer !
Et je suis parisien de souche (la bête rare), et je suis marseillais de souche (encore plus rare) et je suis E.T. de souche (alors là, carrément introuvable !). L’holophrase la plus répandue, c’est : je-suis-Français-de-souche ! Alors là, ça m’en souche un coin ! Pardon bouche. C’est quoi cet OVNI que le « Français de souche » ? Un descendant des Gaulois ?
Mais les Gaulois étaient eux-mêmes issus de « souches » diverses , dont on dit, ô horreur, qu’elles seraient, comme pour la plupart des Européens, essentiellement issues des agriculteurs venus du Proche-Orient par vagues successives entre 4000 et 2500 av. J-C.
C’est Hervé Le Bras, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales qui le dit. Pire, il y a quasi unanimité des ethnologues là-dessus !
D'arbres, de souches et de racines
Décidément, je file du mauvais coton. Il m'arrive de plus en plus souvent d'éprouver des élans de sympathie pour des gens qui ne sont pas de mon « bord » politique.
Le dernier en date, c'est Jean-François Copé, avec ses propos au « Monde » sur l'identité nationale. Bien, Copé, sur ce coup. Même si, bien sûr, c'est un malin et qu'il tisse sa toile... Mais bon, objectivement bien ! Il a raison de vouloir ouvrir le chantier d'une réflexion, qui me semble urgente, sur
ce qui constitue un « Français » aujourd'hui.
Alors non seulement les Gaulois n'étaient pas tous des Gaulois, mais en plus, Copé nous dit « Nos ancêtres n'étaient pas tous des Gaulois » !! Houla ! Dur pour la fiction de la souche.
Les anthropologues s'accordent, généralement, pour dire qu'aux « Gaulois » doivent d'emblée s'ajouter au moins cinq groupes « autochtones » : Bretons, Basques, Catalans, Corses, Alsaciens auxquels, horreur suprême, il faut ajouter les « Romanichels » et les Juifs qui, sans habiter de territoire spécifique dans l'hexagone, sont présents en « France » depuis des siècles, au moins depuis le Vème siècle pour les Juifs (document attesté à Vannes en l'An 465 !). Et puis il faut ajouter les Gascons, les Languedociens, les Provençaux, les Auvergnats, les Normands. Que ceux que je ne cite pas me pardonnent, mais je suis sûr qu'ils existent en nombre !
Et puis Copé, décidément très en verve, en remet une couche : « Ce qui compte, c'est que chaque Français, quelles que soient sa date d'arrivée en France, son origine ou sa religion, a de la valeur et apporte ce qu'il a de mieux pour notre pays. » Parce qu'il faut le savoir et le dire sans cesse, les Arabes, les Africains, qui construisent avec nous l'histoire de France et sa richesse depuis des temps lointains, sont aussi des « souches » incontournables du Peuple français ! Et les Chinois, les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Turcs, les Arméniens, les Vietnamiens... Encore une fois, pardon à ceux que je n'ai pas cités !
J'aime évidemment profondément la France et le Peuple de France ! Mais un peuple n'est pas une ethnie. Un Peuple c'est le rassemblement de gens, à travers des vagues et des strates successives d'ethnies diverses, groupées autour de mythes fondateurs, d'une langue, de valeurs morales communes, d'un corps de Lois, d'une histoire peu à peu partagée, d'une appartenance identitaire hautement revendiquée.
Aux images de racines et de souches, très ombreuses et souterraines, je préfère celle de l'arbre, avec ses ramifications qui montent vers le ciel.
Souche ? Pourquoi pas ? A une condition, qu'on l'écrive comme ça : Français de souches, avec le beau S de notre pluralité !
(www.fdesouche.com) ¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨
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