lundi 25 juin 2012

Beaucoup trop bête pour être méchant

Charlie Hebdo : Journal de collaboration ? C’est la question d’Arouet Le Jeune.

Jadis Charlie-Hebdo fut un « journal bête et méchant ». S’il le fut, c’est qu’il ne l’est plus. On ne peut pas être et avoir été. A lire les seize pages du n° 1011, consacrées, si l’on en croit le sous-titre, à la « charia », c’est-à-dire à la « voie », juste évidemment, et droite, toute tracée par la loi islamique et les écoles juridiques, par le Coran, par la sunna, par les hadiths et bien entendu par les actes et les paroles de Mahomet, il se confirme que cet hebdomadaire ne mérite plus l’un de ces deux qualificatifs. Il est bête, sans aucun doute, et même très bête, excessivement bête, stupide même à force de bêtise, mais il n’est pas méchant. Il est même, dirais-je, bienveillant, complaisant, plein de componction, cauteleux, du moins quand il traite d’islam, comme si ce sujet et ce seul sujet paralysait dessinateurs et rédacteurs, qui, au seul nom de Mahomet, se font doux comme des agneaux, au point de renoncer à toute lucidité et même à toute insolence, suprême déshonneur pour des gens qui prétendent faire carrière dans la satire. A la satire, ils ont mis des bornes islamiques, l’ont endiguée, canalisée, châtrée, neutralisée, aseptisée et à force de mélanger la petite goutte qui leur reste de leur vitriol ancien dans des hectolitres d’eau pure, ils n’ont plus d’insolence qu’homéopathique. 

Sur la charia que disent-ils ? Rien. Du moins rien qui présente le moindre intérêt, sinon deux courts articles, l’un sur l’islam pur et dur, connu sous la trompeuse dénomination « d’islamisme modéré » ou « démocrate », qui régit le pouvoir en Turquie, et l’autre sur la souffrance inutile imposée aux animaux lors des abattages rituels. A part cela, la charia est réduite à quelques voiles, barbes ou turbans et à des menaces de coups de fouet. Ce n’est que l’image superficielle et exotique qui est diffusée en boucle sur les écrans de télévision du monde entier. Et ce sont ces plans de télévision que textes et dessins résument dans ce numéro 1011 en quatre ou cinq traits gras, vite torchés, informes, sales, dans un style trash ou gore. Autrement dit, les rédacteurs de ce journal ont pour sources d’information Envoyé spécial et autres reportages tout aussi nuls, mais tous très bienveillants, que les journaleux des chaînes publiques consacrent à l’islam, aux pays arabes, aux musulmans. 

Au lieu de regarder benoîtement la télévision, ils feraient mieux de lire le Coran, les hadiths, la vie de Mahomet, les fatwas, les codes de loi. Mais pour faire cela, il faut d’abord savoir lire. A Charlie Hebdo, aux rudes apprentissages, on préfère la molle paresse du cliché que l’on montre partout. Une double page centrale (p 8 et 9) consacrée à la « charia molle » (par analogie avec la « gauche molle » de Dame Aubry ?) énumère tous les stéréotypes sur la charia, montrés aux Occidentaux, comme pour exorciser la peur qu’ils ressentiraient s’ils avaient connaissance de ce qu’est vraiment la charia, dans ses principes et son application. Des journaux de province se déshonoreraient si, dans dix pages consacrées à Hitler, Mussolini ou Mao, ils résumaient le socialisme national allemand à une paire de bottes, le fascisme italien au bras tendu vers l’avant, le communisme chinois au petit Livre rouge. Les rédacteurs de Charlie-Hebdo, eux, n’ont aucun scrupule à réduire la charia à une franche rigolade ou à une partie de jambes en l’air sous la couette. N’importe quel journaleux, même s’il exerce ses non talents dans une feuille gratuite de province, sait que Mahomet est le prophète de l’islam, qu’il a fondé l’islam, en a tracé la ligne ou « charia », en a jeté les fondements juridiques, etc. et que tous les musulmans qui tuent, égorgent, pillent, volent, massacrent dans le monde, le font au nom d’Allah et pour imiter Mahomet « rasoul Allah ». 

Or, c’est ce même Mahomet qui devient le « rédacteur en chef » des pages où l’on se gausse gentiment, non pas de l’islam, intouchable par nature, mais de ses dérives minoritaires. Ce Mahomet n’est même pas caricaturé, sinon de façon positive, comme dans le cas de la discrimination du même nom, celle qui orne et qui embellit l’islam, celle qui masque et qui cache les fondements de l’islam, celle qui ment effrontément. C’est un Mahomet rigolard et bon enfant, qui donne des leçons d’islamité aux brebis galeuses à barbe et à burka qui déformeraient cette belle et grande religion, la seule qui soit vraie, par des actes qui la stigmatisent. Entre 1933 et 1945, aucun journal satirique d’alors n’a poussé la veulerie jusqu’à faire d’Hitler son éphémère rédacteur en chef qui menacerait d’un séjour de vingt minutes dans une chambre à gaz ceux qui n’auraient pas ri à ses pantalonnades. Charlie-Hebdo, lui, l’a osé. Cette bienveillance envers Mahomet, l’islam et les musulmans explique aussi que Charlie Hebdo ait rendu responsables « l’extrême-droite », les « cathos », les Français de souche de l’incendie de ses locaux pour en exonérer l’islam et les musulmans. Ceux-ci ne peuvent avoir commis un tel crime, puisqu’ils sont les chouchous du journal. 

Voilà pourquoi on doit se demander qui est visé dans ces seize pages. L’islam ? Absolument pas, il en ressort blanc comme neige. Les musulmans ? Encore moins, ils sont les éternelles victimes des tyrans ou, s’ils sont établis en France et même s’ils accordent massivement leurs suffrages aux partis islamistes de chez eux, les victimes du peuple français, lequel, comme chacun sait, pue des pieds et des aisselles, sent le fromage qui coule et le vin rouge qui tache, est évidemment plus raciste que Rosenberg ou Goebbels réunis, déteste les étrangers et est encore plus xénophobe que les imams algériens. D’ailleurs, dans les quatre pages que Libé, sorti grâce à ce coup de sa longue hibernation, a accordées le lendemain de l’attentat, le jeudi 4 novembre, à Charlie-Hebdo, le voile est levé : c’est Sarkozy qui est caricaturé et de façon négative et méchante, comme si lui et son gouvernement étaient responsables des 40% ou plus de suffrages que les Tunisiens de Tunisie, de France et d’ailleurs ont accordés aux fous furieux d’Ennahda. Ou encore, c’est le malheureux supplément féminin du Figaro Magazine qui est la cible des dessins de « Charia Madame », comme si les rédactrices de ce supplément avaient exprimé quelque soutien que ce soit à l’islam, aux musulmans, aux partis religieux, aux imams. 

Ceux qui sont visés, ce sont les journaleux et les cultureux médiatiques, genre BHL, qui ont cru et fait croire aux gogos qui gobent tout que le cosi-detto « printemps arabe », qui a nécessairement accouché du monstre islamiste, allait établir la liberté, l’égalité, la fraternité et évidemment la démocratie. Mais, plus que tout, ceux qui sont nommément visés, ce sont les « cathos », comme l’indique le surtitre de la page de couverture, « les cathos intégristes contre le théâtre ». Bien entendu le titre est faux ; les « cathos » ne sont pas « contre le théâtre », ils organisent des chahuts devant un théâtre. Ce qui n’est pas la même chose. Lorsque les potes à Charlie Hebdo ont défilé en décembre 2010 devant la salle publique où se tenaient les « assises contre l’islamisation », le journal n’a pas titré « les gauchos intégristes contre la liberté de réunion, contre la liberté de pensée, contre la liberté d’expression ». Tous les articles sont de cette même eau sale. Pelloux, qui est docteur comme l’étaient Diafoirus père et fils, cite une agression dont un médecin a été la victime de la part d’un musulman, furieux qu’un homme ait osé examiner sa femme, de sorte que, par lâcheté, un apartheid qui ne dit pas son nom a été établi dans de nombreux hôpitaux. Les musulmanes sont examinées par des musulmanes et les musulmans par des musulmans. Mais ce Diafoirus moderne met ces abominations sur le même plan qu’une croix pectorale portée par une infirmière ou que la kippa d’un médecin. De ce « négationnisme », les gaucheux sont des experts, quand ils assimilent le retour de délinquants dans leur pays d’origine à l’extermination de six millions de juifs. Un autre crétin de service, « politologue » bardé de doctorats, bac + 20 ou 30, met dans le même sac cathos qui manifestent devant un théâtre et les musulmans qui brûlent les sièges de journaux, tuent et assassinent, lapident les femmes, égorgent les étrangers. Lisant cela, on se demande dans quel pays on vit et si l’on n’est pas revenu aux heures noires de la collaboration. 

Chaque jour, des voitures sont incendiées aux cocktails Molotov, mais aussi des autobus, des écoles, des églises, des bâtiments publics, des bibliothèques, des commissariats de police. Il n’est pas un seul politicien qui proteste, s’indigne, proteste. 

Il a suffi qu’un journal très bête et pas méchant du tout soit incendié à son tour pour que l’on entende le chœur des pleureuses abonnées à l’omerta, qui, croyant protéger la « liberté d’expression » que par ailleurs elles foulent aux pieds, défendent le plus universel des droits de l’homme : le droit à la bêtise. 

© Arouet le Jeune pour LibertyVox

 
 
Retour à la Une

Aucun commentaire: