Marie et les mystères de la beauté
Au cœur du quartier cathédrale, Le Puy-en-Velay accueille quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’art marial.
La Vierge au lapin, de Tiziano Vecellio, prêté par le Musée du Louvre pour l’exposition « Regards sur Marie ».
L’exposition « Regards sur Marie » invite le visiteur à réfléchir à l’identité de cette figure centrale dans la culture occidentale.
La rénovation achevée de l’Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay est célébrée par une exposition inaugurale qui sied à la deuxième ville mariale de France, sous le patronage bienveillant de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation. Durant tout l’été, Regards sur Marie regroupe une série de représentations de la Vierge à travers le temps et l’espace, de l’Orient à l’Occident, collectées autour du monde.
Ce sujet apparaît dans sa dimension singulière sitôt que le visiteur s’absorbe dans la contemplation d’un sarcophage du IVe siècle illustrant le doute de Joseph. Le commissaire de l’exposition, Gilles Granjean, rappelle que « Marie est une figure transversale, que vous reconnaissez quelle que soit votre religion ou votre origine ».
Le visiteur est invité à s’interroger sur l’identité de cette figure identifiable entre mille, à la fois singulière et symbolique, creuset de la sensibilité d’un artiste. L’exposition propose un retour aux sources et interroge les métamorphoses de Marie à travers une riche iconographie, comprenant 56 œuvres, dont 26 prêtées par le musée du Louvre.
Pénombre et clarté
Les visiteurs sont accueillis par Notre-Dame de l’Offrande , imposante sculpture d’Antoine Bourdelle. Ils sont happés par le regard profond d’une austère Maria , vieille espagnole photographiée par Pierre Gonnord, dont la gravité saisissante contraste avec la douceur de la Vierge au manteau (auteur inconnu) peinte sur toile qui lui fait face.
Pénombre et clarté nimbent l’exposition, divisée en deux volets : la figure de Marie d’après les Évangiles, puis d’après les œuvres apocryphes, dont La Légende dorée . L’Adoration des bergers de Georges De la Tour, prêt exceptionnel, rappelle l’importance de la lumière qui inonde toujours la Vierge, émanant souvent de son enfant, à l’exemple de la Sainte famille de Rembrandt.
L’exposition invite, au-delà de la profusion des symboles qui accompagnent les représentations de Marie, à porter le regard sur ce visage, à chaque fois unique, et sur la palette des sentiments qu’il exprime. Inquiétude ou confiance, abandon. Jeune fille ou femme âgée. Proche ou distante.
Représentations de la féminité
Les Noces de Cana de Bassano, qui illustre la dernière apparition publique de Marie avant la Passion, rappellent que ce « personnage » est à la fois présent et absent, en retrait mais au cœur des représentations de la féminité. Figurative, elle renvoie au choix d’un modèle, à une silhouette de femme qui s’est imposée dans l’esprit de l’artiste, peintre ou sculpteur. Cette plasticité s’incarne dans le succès de la Pietà, extrapolation du récit de la Passion invitant au partage de la douleur de Marie.
Le front haut de la jeune fille, l’arrête du nez, la tête inclinée dans une expression recueillie ou douloureuse, chaque visage a des inflexions fascinantes à contempler. Le Salve Regina d’Alfred Manessier donne, lui, sens à l’émotion en passant par l’abandon du figuratif. La figure de Marie est décomposée pour inonder le spectateur d’une pure profusion de couleurs, renvoyant à la profonde affection qu’elle suscite, et qui accompagne les nombreuses dévotions dont elle fait l’objet.
D’une Vierge romane en majesté, « trône de sagesse » du Christ, vêtue du costume des veuves de haut rang du XIIe siècle, à la Vierge à l’hostie d’Ingres, en passant par la Vierge à l’enfant du Titien, qui installe Marie dans les verts pâturages de l’Arcadie, sa représentation renvoie chacun à une figure de femme aimée, et sonde les mystères de la beauté.
Jusqu’au 3 octobre 2011. Renseignements et réservations au 04.71.07.00.00.
au Puy-en-Vela
=======================
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire