Extrême droite : les activistes européens sous surveillance
L'interpellation de Maxime Brunerie, le 14 juillet 2002, après qu'il avait tiré un coup de carabine en direction du président Chirac sur les Champs-Élysées. Crédits photo : © Xavier Lhospice / Reuters/X01198
Le tueur d'Oslo, Anders Behring Breivik, appartient à la catégorie des «résistants sans leader».
Dans son dernier rapport, publié au printemps dernier, Europol note que le plus grand danger terroriste sur le Vieux Continent demeure lié à l'islamisme radical.
L'agence européenne recense cependant plusieurs attaques menées par des activistes d'extrême droite ces dernières années. En Hongrie, trois attentats ont été déjoués en 2009, après l'assassinat de plusieurs Roms en 2008. En France, six personnes ont été arrêtées pour une activité liée au terrorisme d'extrême droite en 2009. La police est pareillement intervenue en Grande-Bretagne, en République tchèque et en Allemagne. Ont été saisis ici des «listes d'ennemis» , là des explosifs, là encore du matériel de propagande ou des données informatiques.
Ce même rapport cite «les enquêtes de la police britannique qui ont souligné le fait qu'aujourd'hui des individus motivés par des opinions d'extrême droite, agissants seuls, sont une menace bien plus grande que les actuels groupes ou réseaux» appartenant à cette mouvance.
Une mouvance, expliquait hier Michel Quillé, directeur adjoint d'Europol, qui s'est «professionnalisée» et qui a largement recours à Internet et aux réseaux sociaux.
Loup solitaire
Si la menace terroriste d'extrême droite a sans doute été minimisée, alors qu'al-Qaida retenait toutes les attentions, le profil du Norvégien Anders Behring Breivik entre donc dans un cadre analysé depuis longtemps.
Son passage par la franc-maçonnerie peut certes étonner.
Mais pour le reste, ce trentenaire, chrétien fondamentaliste, a adhéré puis quitté un parti d'extrême droite parce qu'il ne le trouvait pas assez radical, tout en maintenant des liens sur les réseaux sociaux de l'extrême droite. Comme tant d'autres «nazillons» européens.
Pour les spécialistes, Anders Behring Breivik correspond ainsi à la figure du «loup solitaire» mettant en œuvre une stratégie de «résistance sans leader» (ndlr: Mais surtout, sans le soutien de la majorité de la population...JPPS)
Le concept de «résistance sans leader» a été forgé par l'extrême droite américaine dans les années 1970. Les cibles idéologiques ont évolué au fil du temps, prenant notamment un nouveau tour avec l'apparition d'al-Qaida.
Mais on retrouve dans la liste des ennemis à abattre, les étrangers, les Juifs, les musulmans et les personnalités appartenant aux «élites multiculturelles»…
Pour parvenir les armes à la main à ses fins, expliquait Joseph Tommasi, fondateur d'un groupuscule néonazi aux États-Unis, le défenseur de la race blanche doit agir comme un «loup solitaire».
«Mort au ZOG !»
Cette «résistance sans leader» est d'autant plus difficile à repérer qu'elle se fonde sur des individus préparant seul, de manière obsessionnelle, leur attentat.
Internet s'est chargé de fournir les recettes des bombes artisanales à base d'engrais. «Les réseaux sociaux, notait le rapport d'Europol, permettent aux terroristes de récupérer des informations sur les personnes, leurs familles et leurs localisations comme jamais auparavant.»
Loup solitaire français, Maxime Brunerie, qui avait tenté d'assassiner le président Chirac en juillet 2002, était proche du groupuscule d'extrême droite Unité radicale et avait laissé, avant de passer à l'acte, ce message sur la Toile: «Regardez la télévision dimanche, la star ce sera moi. Mort au ZOG!»
ZOG, est l'acronyme de Zionist Occupation Government («Gouvernement d'occupation sioniste»), avatar créé par Tommasi, de la pensée antisémite née au XIXe siècle.
On peut également citer l'exemple meurtrier du Britannique David John Copeland, un ancien membre d'un parti néonazi anglais qui, au printemps 1999, durant trois semaines successives, a disposé dans Londres des bombes contenant chacune 1500 clous.
Ces engins visaient des quartiers où vivaient des communautés noire, asiatique ou homosexuelle.
Au total, ces attaques firent 3 morts, 129 blessés, dont 4 subirent des amputations.
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