La « maison jaune »…La haut sur la colline ?
| |
Repeinte en blanc... |
Faits connus et cités dans de nombreux rapports d’enquête depuis plus de 8 ans. Des faits qui auraient été connus par Eamonn Smith, en ce temps là chef de la mission du TPI en Macédoine et au Kosovo, Paul Coffey, alors directeur du département justice de la « Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo » ou Patrick Lopez Terrez, responsable de la mission locale du TPI…
Des faits « anodins » ?
Enlèvements de Serbes par les milices de l’UCK, des Serbes emprisonnés, souvent torturés dans des « camps de détention » en Albanie du nord. Des Serbes exécutés et enterrés en Albanie. Mais certains des prisonniers serbes auraient été « choyés » par leurs geôliers de la fameuse « maison jaune », la « maison de Burrel ». Au fin d’être dépecés par des médecins albanais et étrangers, histoire d’alimenter un juteux trafic d’organes, des organes expédiés à partir de l’aéroport de Tirana…
Un trafic qui s’est perfectionné aux dires des témoins cités dans un rapport de « synthèse »…
« Nous avons reçu l’ordre de ne pas frapper les prisonniers, de bien les traiter. J’ai été surpris, car c’est la première fois que j’entendais cela »
« Seuls les reins ont été extraits des deux premiers Serbes. L’intention était de se lancer sur le marché. Ensuite, l’organisation s’est améliorée et ils recevaient 45000 dollars par personne ».
En 2008, dans son livre « La chasse. Moi et les criminels de guerre », Carla Del Ponte, peu suspecte de sympathie à l’égard des Serbes, évoquait de tels faits. Un livre publié non sans peine…
Qu’en disait-on ?
« Plus de 300 Serbes kidnappés par la guérilla albanaise de l’UCK auraient été détenus dans des villages du Nord de l’Albanie, dans les régions de Kukës, Tropoja et Bajram Curri. Là, leurs organes auraient été prélevés, pour être revendus à des trafiquants, notamment dans le monde arabe. Selon les témoignages de journalistes que cite Carla Del Ponte, certains « patients » auraient subi plusieurs amputations (reins, cœur), avant d’être finalement assassinés. Les organes étaient exportés par l’aéroport de Tirana-Rinas. |
Dans son livre Carla Del Ponte faisait clairement état des difficiles relations qu’elle avait entretenues avec les intervenants de la Mission des nations unies au Kosovo, que ce soit son directeur Bernard Kouchner, son successeur, l’Allemand Michael Steiner, voire les militaires de KFOR comme le général français Marcel Valentin : tous ont refusé de l’aider dans ses investigations.
Tous craignaient les conséquences politiques… Pouvait-on prendre le risque d’inculper les principaux chefs de l’UCK, tout particulièrement le « chouchou » de Madeleine Albright Hashim Thaçi, devenu depuis Premier ministre du Kosovo ?
Indisposer la conciliante Albanie ? Impossible dans le « plan » des Etats-Unis qui la récompensait dès le 9 juillet 2008 par la signature des protocoles d’accession à l’OTAN, couronnée par son entrée officielle dans l’OTAN le 1er avril 2009 !
Une Albanie docile :
«L’Albanie contribue actuellement à la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, et ce depuis 2003. Dans le passé, elle a contribué à la Force de stabilisation (SFOR) en Bosnie-Herzégovine. Par ailleurs, elle a soutenu les opérations alliées de maintien de la paix au Kosovo en accueillant un commandement de soutien logistique, qui est devenu, en 2002, un quartier général militaire régional, le QG de l’OTAN à Tirana.» |
Le trafic aurait été supervisé ou organisé avec l’assentiment de hauts responsables de l’UCK. Le rapport cite ainsi les noms des frères Ramush et Daut Haradinaj, mais pas celui de l’actuel Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi, pourtant soupçonné de faits similaires dans le rapport du parlementaire suisse Dick Marty.
Dick Marty |
Le rapport d’enquête sur le sujet du parlementaire suisse Dick Marty a été approuvé par l’assemblée du Conseil de l’Europe en janvier.
Le trafic d organe a aussi été l’un des points de discussions principaux au Conseil de Sécurité de l’ONU qui s’est tenu le 16 janvier, mais les diplomates n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’organisation qui devrait mener une telle enquête. D’un côté, certains pays et le Kosovo réclament une enquête menée par la mission de police et de justice européenne EULEX, d’autres, dont la Serbie, demandent la constitution d’un tribunal spécial mandaté par le Conseil de sécurité.
Quoi qu’il en soit, le rapport en question n’aurait été transmis ni à EULEX ni à Dick Marty au cours de son enquête. Si la Minuk affirme au contraire que le rapport a bien été transmis à EULEX entre fin 2008 et début 2009, le parlementaire suisse a déclaré à France 24 n’avoir jamais eu le document entre les mains, même si les faits décrits dans le rapport lui sont connus.
À l’époque des faits, les missions de l’ONU, de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les militaires de l’Otan, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes en charge de l’administration du Kosovo et de la sécurité de ses habitants, étaient déployées sur le territoire. Mais dépassées par le chaos qui y régnait, elles n’ont pas réagi aux nombreuses exactions commises sur le terrain par l’organisation séparatiste kosovar.
Retrouvez le document de l’ONU (en anglais)
http://balkans.courriers.info/spip.php?page=dossier&id_article=16529
Pas de langue de bois pour Dick Marty, le rapporteur du Conseil de l’Europe à l’origine du rapport explosif sur le présumé trafic d’organes de l’UÇK. Pouvoir kosovar clairement lié au crime organisé, absence totale de protection des témoins, dysfonctionnements multiples des missions internationales : il pointe sans faux-semblants tout ce qui empêche, selon lui, de faire éclater la vérité au grand jour.
Bernard Kouchner aux premières loges...
Madeleine Albright et Hashim Thaçi
Hashim Thaçi et Joe Biden
Hashim Thaçi
Hillary Clinton et Hashim Thaçi
Le Premier ministre de la République du Kosovo, Hashim Thaçi, était reçu le lundi 8 juin 2009 par le président de la République. Bernard Kouchner participait à cet entretien et recevait ensuite Hashim Thaçi pour un déjeuner de travail. Cette visite en France est la première de Hashim Thaçi depuis la déclaration d'indépendance du Kosovo en février 2008. Pour la France? L'occasion de confirmer son plein soutien à ce jeune État.
Lettre du président de la République, M. Nicolas Sarkozy, adressée à M. Fatmir Sejdiu, président du Kosovo (Paris, 18 février 2008) Monsieur le Président, Par lettre en date du 17 février, vous avez informé la France de la décision prise par l'Assemblée du Kosovo le 17 février 2008 de proclamer l'indépendance du Kosovo et de s'engager à mettre en œuvre l'intégralité du statut préparé par l'Envoyé Spécial des Nations Unies, Martti Ahtisaari, y compris les dispositions en faveur de la communauté serbe et l'appel à une présence internationale pour superviser la mise en œuvre de ce statut par le Kosovo. Les ministres des Affaires étrangères des vingt-sept Etats membres de l'Union Européenne, prenant acte de cette nouvelle réalité, ont confirmé aujourd'hui l'engagement européen au Kosovo. http://www.youtube.com/watch?v=i5ZUgq-9Hfk De développements en développements... Le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, mis en cause par un rapport du Conseil de l’Europe sur un trafic d’organes présumé, a dénoncé ces accusations, les comparant à de la propagande nazie, dans un entretien publié jeudi dans un journal suisse. «Faux patriotes»Il a ajouté qu’avec ce rapport M. Marty avait «diffamé tout le peuple albanais» et «essayait de criminaliser notre lutte pour la liberté vis-à-vis des politiques de répression serbes». M. Thaçi a par ailleurs accusé le parlementaire suisse de s’être «mis au service du nationalisme serbe». |
Lire:
«Il n'est jamais trop tard, même s'il s'agissait là, pour ceux qui s'intéressent d'un peu plus près à la guerre en ex-Yougoslavie, d'un secret de polichinelle. Hashim Thaçi, ex-commandant en chef de l'ancienne Armée de Libération du Kosovo (UCK) et actuel Premier Ministre, fraîchement réélu, de ce même pays, vient d'être très officiellement accusé, dans un rapport rédigé par le sénateur suisse Dick Marty pour le compte du très respectable Conseil de l'Europe, d'être le «parrain», certes caché mais d'autant plus redoutable, d'un réseau impliqué depuis 1999, date à laquelle s'intensifia l'offensive serbe dans cette région meurtrie des Balkans et en réponse à quoi l'OTAN mena alors sa campagne de bombardements, dans les pires trafics: d'ignobles et sanglants trafics d'armes, de drogue (héroïne et cocaïne) et d'organes, eux-mêmes prélevés, ignominie d'entre les ignominies, sur des prisonniers, civils pour la plupart, serbes. Ne manque plus en cette macabre et terrible liste, mais probablement est-ce là un oubli de la part du rédacteur de cet accablant rapport, que le trafic, peut-être plus abominable encore, d'êtres humains, dont on sait que la prostitution, y compris aux dépens de filles mineures, représente, pour la mafia albanaise, l'un des commerces les plus honteusement lucratifs.
Ces informations, Carla Del Ponte, ex-procureure du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), les avaient certes déjà révélées en 2008. Mais avec les conséquences, extrêmement néfastes pour elle, que l'on sait : très sévèrement critiquée pour sa liberté de parole, elle fut aussitôt rappelée à l'ordre, sinon carrément réprimandée, par sa hiérarchie politico-administrative (le département helvétique des affaires étrangères) et son livre, publié dans une maison d'édition italienne, ne trouva guère d'écho auprès des grands éditeurs européens. Censure!
Pis: ce fut l'inénarrable docteur Bernard Kouchner en personne, alors responsable du Quai d'Orsay avant que d'y avoir fait lamentablement naufrage, qui, soucieux de préserver son ancienne image d'administrateur du Kosovo (où il fut, de juillet 1999 à janvier 2001, le Haut Représentant de l'ONU, baptisée en la circonstance «MINUK»), fit l'impossible pour démentir à tout prix, n'hésitant pas pour cela à manipuler l'opinion publique tout autant que les sphères médiatiques, les propos, pourtant déjà corroborés par d'indéniables preuves, de celle (Carla Del Ponte, précisément) dont, son désormais légendaire opportunisme ne lui faisant craindre ni la contradiction ni la vergogne, il avait cependant vanté les mérites, quelques années auparavant, lorsqu'elle fit arrêter, puis incarcérer dans la prison de La Haye, les criminels de guerre serbes (Milosevic et autre Karadzic).
Davantage (et oserais-je le dire maintenant qu'il vient, il y a quelques jours à peine, de trépasser ?) : il n'est pas jusqu'à Richard Holbrooke, le fameux artisan des très bancaux mais néanmoins bienvenus Accords de Dayton (ceux-là mêmes qui mirent fin, en 1995, à la guerre de Bosnie) et célèbre diplomate américain dont Barack Obama s'est empressé de faire tout récemment l'éloge funèbre, qui, désireux lui aussi de ne pas entacher son œuvre au Kosovo (c'est en grande partie à lui, alors envoyé spécial de Bill Clinton dans les Balkans, que l'on doit les bombardements de l'OTAN contre la Serbie), ne se démenât comme un beau diable pour faire museler l'ex-procureure du TPIY, l'empêchant ainsi de s'adonner à toute ultérieure et embarrassante fuite quant aux turpitudes de ce Hashim Thaçi au sein d'un Kosovo à l'indépendance alors naissante mais constituant surtout, pour une Amérique dont le pragmatisme politique n'a trop souvent que faire des valeurs morales, une importante place géostratégique dans cette partie de l'Europe.
Car telle est bien, hélas pour notre sens éthique comme pour notre volonté démocratique, la vérité, aussi simple à avouer que difficile à admettre : c'est avec cet argent, particulièrement sale, que l'UCK a financé sa guérilla contre les Serbes. Pis : ce sont ces innommables crimes, les pires que l'(in)humanité puisse connaître - trafics d'armes, de drogue et d'organes, auxquels il conviendrait donc d'ajouter l'encore plus abjecte traite d'êtres humains, cette forme moderne d'esclavage - que bon nombre de gouvernements occidentaux se sont échinés à taire, sinon occulter, pendant plus de dix ans, avec la complicité de certaines chancelleries ou personnalités corrompues, pour mettre en œuvre leur efficace mais basse stratégie géopolitique.
Du reste, ces accusations portées à l'encontre de Hashim Thaçi ne sont, comme je l'ai suggéré plus haut, pas neuves. En l'an 2003 déjà, après que Belgrade eut lancé contre lui un mandat d'arrêt international, via Interpol, pour trafic de drogue justement, il fut brièvement arrêté à l'aéroport de Budapest, en Hongrie, avant que le Ministère français des Affaires Etrangères, encore lui, ne le fasse libérer sur le champ, contrevenant lui-même ainsi, pour corser l'affaire, aux lois de la justice internationale. Puis il y eut 2005, année où il fut enfin ouvertement soupçonné, par le TPIY cette fois, de crimes de guerre. Et ce parallèlement à l'arrestation, par cette même institution, de trois de ses principaux lieutenants lorsqu'il était à la tête de la milice kosovare (la tristement célèbre UCK, donc). Mais ce fut alors Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d'Etat sous Bill Clinton, qui, l'ayant toujours protégé depuis qu'elle l'imposa lors des négociations, au château de Rambouillet, sur une éventuelle partition du Kosovo entre Serbes et Albanais, empêcha que ledit dossier d'inculpation suive, normalement, son cours politico-judiciaire.
C'est dire, en effet, si la diplomatie occidentale, dont le sens de l'honneur lui fait parfois cruellement défaut, est au courant, depuis bien longtemps, des crimes et autres malversations, gravissimes s'il en est, de ce personnage, particulièrement peu recommandable et même hautement infréquentable, qu'est Hashim Thaçi. Mais il est vrai, malheureusement pour la vérité historique elle-même, qu'il n'y avait pas encore, à l'époque, WikiLeaks, ni un quelconque Julian Assange, pour oser dévoiler au grand jour, et se risquer à mettre ainsi en pleine quoique sombre lumière, les inqualifiables iniquités des puissants de ce monde ! »
DANIEL SALVATORE SCHIFFER
Philosophe, écrivain, auteur de « Requiem pour l'Europe - Zagreb, Belgrade, Sarajevo » (Ed. L'Âge d'Homme, 1993, où l'auteur relate notamment sa libération du camp de Manjaca, en Bosnie, où étaient retenus prisonniers, par les Serbes, près de 3.000 Bosno-Musulmans et quelques centaines de croates), « Les Intellos ou la dérive d'une caste - de Dreyfus à Sarajevo »(Ed. L'Âge d'Homme, 1995), « Les Ruines de l'intelligence - Les intellectuels et la guerre en ex-Yougoslavie » (Ed. Wern, 1997), « Les Déshérités ou le testament du Kosovo » (inédit, à paraître).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire