dimanche 17 avril 2011

Quand la bien-pensance entre en résistance,

par Ivan Rioufol


Posted: 17 Apr 2011


La bien-pensance médiatique s’affole et dresse ses listes de suspects.

Elle en a déjà trouvé… cinq : Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Robert Ménard, Eric Brunet et votre serviteur.

Après le Nouvel Observateur, Le Monde a consacré sa page 3, la semaine dernière, à ces journalistes qui mettraient la France en péril, sous le titre : « Profession : réactionnaire ».

A lire ce qui s’écrit sur nous, nous monopoliserions les médias à des fins de subversions extrémistes (de droite, of course).

C’est nous faire trop d’honneur. Il est vrai que ces sycophantes à la mine sévère savent de quoi ils parlent : ils se sont copiés et épaulés durant des décennies. Nous aurions sûrement des leçons de solidarité de caste et d’entrisme à apprendre d’eux, nous cinq qui n’avons jamais trouvé utile de nous rencontrer ensemble pour échafauder je ne sais quelle stratégie ou même pour boire un verre. Il se trouve plus simplement que ce que l’on dit, chacun à sa manière, semble correspondre à une attente de l’opinion. Il va falloir que les comités de vigilance et de salut public se fassent une raison : ils ont effectivement perdu le monopole de la parole.

Pourtant, leurs pratiques dénonciatrices de petits propriétaires spoliés restent encore efficaces. C’est ainsi que Maxime Tandonnet, conseiller à l’immigration auprès de Nicolas Sarkozy, a été prié cette semaine de suspendre pratiquement son blog,épinglé par un site du Monde.fr consacré à la droite extrême.

C’est Xavier Musca, secrétaire général de l’Elysée, qui a pris cette décision.

Elle est d’autant plus regrettable que le blog de Tandonnet, ouvert il y a peu, était vite devenu une mine d’informations et d’analyses compétentes, introuvables dans les médias traditionnels.

Dernièrement, il témoignait du double discours de la gauche sur l’immigration en rappelant que tel député socialiste, très remonté en séance, admettait à la buvette la gravité du sujet. Mais c’est un texte (Le Garrot, 1 er avril) prônant le recours au référendum pour contourner les multiples freins à l’application d’une politique souveraine qui lui a valu le reproche, sur le site du Monde, de reprendre l’argumentaire du FN, le référendum étant considéré, parait-il, comme « un vrai marqueur d’extrême droite ».

Donc, si je comprends bien: vouloir défendre la laïcité fait le jeu de Marine Le Pen. Souhaiter des référendums sur de grands sujets de société fait le jeu de Marine Le Pen. Se faire l’écho d’une opinion n’ayant pas accès aux médias, critiquer la mondialisation, s’inquiéter du communautarisme fait le jeu de Marine Le Pen.

Mais ne voient-ils pas, ces maitres censeurs obsédés par Le Pen, qu’ils sont les meilleurs soutiens de la candidate, en s’enfermant dans des caricatures d’apparatchiks au service d’une presse soviétoïde ?

Malika Sorel, autre esprit libre, se voit également écartée des médias qui la sollicitent, quand elle ne leur répond pas ce que la pensée conforme veut entendre. Elle a d’ailleurs refusé de cautionner le rapport présenté ce mercredi

(« La France sait-elle encore intégrer les immigrés ? ») par le Haut conseil à l’intégration dont elle est membre. « L’intégration en France, ça marche ! » peut-on y lire, au milieu de considérations rabâchées et de clichés.

Oui, la bien-pensance est entrée en résistance.

Texte repris du blog d’Ivan Rioufol

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