lundi 11 avril 2011




[Peinture] Nantes imaginaire: quand un historien s’interroge sur la ville

NANTES (NOVOppress Breizh)

– Historien nantais reconnu, Jean-Joël Brégeon est aussi un peintre de grand talent. Sous le titre Nantes imaginaire, celle qui disparait et celle qui nait, il présente aujourd’hui son œuvre au public. Une superbe vision de la ville, qui appelle à la réflexion. A découvrir jusqu’au 30 avril.

Professeur d’histoire, J.J. Brégeon a publié son premier ouvrage, Carrier et la terreur nantaise en 1987. Au fil des années et des publications – 13 livres à ce jour – il est devenu un spécialiste incontesté de la Révolution française, des guerres de Vendée et du 1er Empire. Primé par l’Académie française, il collabore depuis sa création à la Nouvelle Revue d’Histoire.

Amoureux de la Toscane, il vient de faire paraître aux PUF coll. Clio Florence et la Toscane, qui est beaucoup plus qu’un simple guide touristique mais un ouvrage de référence sur une région italienne qui occupe une place essentielle dans la culture européenne. Ne délaissant pas sa spécialité, il vient de publier également Ecrire la révolution française – 2 siècles d’historiographie chez Ellipses, un ouvrage qui fera grincer pas mal de dents dans le Landerneau marxiste encore influent dans l’université…

Mais l’historien a aussi son jardin secret. Fils du talentueux peintre et aquarelliste Jean Armand Brégeon, bien connu des amoureux du vieux Nantes, qui avait décoré de nombreux établissements nantais comme le café le Toulouse et réalisé un célèbre portfolio de 15 lithographies De l’Erdre au Marchix paru en 1928 (réédité en 1998), J.J. Brégeon reprend aujourd’hui le chemin de son père et expose une série de peintures consacrées à la ville de Nantes. Un ensemble de tableaux souvent oniriques qui montrent bien les mutations de la cité avec ses édifices emblématiques, qu’ils appartiennent au passé ou qu’ils soient contemporains comme la Tour Bretagne ou la célèbre grue jaune qui domine le port.

A l’opposé des « espaces urbains » américanisés, on sait que toutes les villes européennes se sont construites autour d’édifices majeurs qui ont servi à affirmer leur identité. Or aujourd’hui l’architecture contemporaine est uniforme, et il se construit les mêmes bâtiments dans toutes les régions du globe. « Paris devient Los Angeles plus Notre Dame, Athènes Toronto plus l’Acropole » écrivait Jean Fourastié. Nantes n’échappe pas à cette règle. Et Brégeon l’historien, pour qui la ville est le lieu où se fait l’histoire et la projection de la société, inscrit sa réflexion dans cette perspective.

Au fil des œuvres exposées, qu’elles soient rêvées (Propylées pour la Madeleine, Bunker culture, Parking Roma EUR 1943, Héroic Britain) ou clairement localisées (La Gloriette, l’ilot de la Boucherie ou l’Ile de Cheviré) avec parfois quelques clins d’œil (comme ce distributeur de Coca cola devant les ruines des magasins Decré après les bombardements de 1943) on découvre une vision originale de Nantes, entre passé et présent.



« Ce ne sont pas les entrepreneurs ni même les architectes qui font les villes … Ce sont l’âme, les mythes, les souvenirs et la capacité d’espoir d’un peuple, d’une nation. Les villes naissent de la chaleur d’une communauté. Mais quand les pouvoirs cessent d’avoir pour vocation suprême la mise en formes du génie national, quand il n’est plus que distributeur de froideurs massificatrices et gestionnaire de producteurs consommateurs pour qui tout le destin est dans l’économie, les entrepreneurs et les architectes défont les villes. » Dans sa vision de Nantes qu’il nous communique avec bonheur, Jean-Joël Bregeon semble bien partager cette remarque de Louis Pauwels. Une belle ouverture pour rêver.

Exposition jusqu’au 30 avril 2011.
Hôtel des Colonies 5 rue du Chapeau Rouge à Nantes.

[cc] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine [http://breizh.novopress.info/]

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