mercredi 27 avril 2011





Les Infiltrés : le nazi de Pujadas

est un gauchiste,

révèle Minute

« Un FAF est un être immonde qui n’a pas le droit de cité dans le monde où l’on vit. » Un « faf », c’est un « facho ». Quelqu’un d’« extrême droite ». Comme les gens que Les Infiltrés, l’émission présentée par David Pujadas, ont montrés la semaine dernière sur France 2. Avec, parmi les acteurs à charge, un certain Antoine, lecteur des Carnets de Turner.

Un FAF est un être immonde qui n’a pas le droit de cité dans le monde où l’on vit » ! Voilà qui fait prendre un nouveau coup dans l’aile au « reportage » effectué par l’étrange Mathieu Maye. Les révélations de Minute.

Concernant le mouvement politique bordelais Dies Irae, autour duquel cette édition des Infiltrés, intitulée « A l’extrême droite du père », était articulée, Antoine était l’une des pièces maîtresses de la « démonstration » de « Mathieu M. », tel que l’« infiltré » de l’agence Capa et de France 2 est crédité au générique de l’émission. « Mathieu M. » pour Mathieu Maye, un nom d’emprunt qui semble cacher d’autres noms d’emprunt, comme si le « journalisme », tel qu’il est détourné de sa déontologie par Les Infiltrés, était devenu affaire de poupées russes.

Antoine apparaît dès les premières minutes de l’émission. Sur un double trucage. L’un visuel, l’autre sonore. Quelques instants plus tôt, on est dans le local de l’organisation. Avec, en fond sonore, le brouhaha des militants réunis dans ce sous-sol. Et voilà, dit Mathieu Maye – dont, en prime, ce n’est pas la voix ! – que « Antoine m’aborde ». En regardant l’émission, on a l’impression qu’ils sortent pour parler en tête-à-tête. D’ailleurs, on entend toujours, magie de la bande son, le brouhaha de la cave. Or à gauche d’Antoine, il y a une fenêtre. Où est-on ? Mystère. Mais on n’est ni dans le local de Dies Irae, ni devant celui-ci. Il se « confie » donc à lui ailleurs. Alors pourquoi cette mise en scène ? Parce qu’il lui parle en aparté ? Et qu’un aparté, loin de la base militante, loin aussi des dirigeants de l’organisation, est moins probant qu’une discussion sur fond de réunion « clandestine » ?

Quand Mathieu Maye disparaît, Antoine-Florent s’éclipse aussi

Cet Antoine, présenté comme un « ingénieur en génie civil », Minute l’a identifié malgré son visage flouté. Et il ne se prénomme pas Antoine… Son vrai prénom est Florent. Nous lui aurions volontiers demandé s’il avait vraiment obtenu un diplôme d’ingénieur mais, malgré nos appels et nos courriers électroniques – ainsi que des tentatives pour le joindre via sa famille –, il ne s’était pas manifesté lundi soir

Dommage. Car Antoine/Florent est un élément clef du sujet de Mathieu Maye, lequel le présente comme « un des cadres fondateurs de Dies Irae », ce qu’il n’a jamais été. Florent est resté à Dies Irae environ sept mois. A peine plus que la durée de l’infiltration de Mathieu Maye. Quand il y est arrivé, le mouvement existait déjà. Il n’en est donc pas un fondateur. Et il n’y a jamais eu la moindre responsabilité. Et la dernière fois qu’il est apparu à une réunion du mouvement, c’est le 23 mai 2009. La date est importante. C’est celle de la « journée de formation-cohésion » de Dies Irae, qui est devenue, dans l’émission, une sorte d’entraînement paramilitaire – alors que ce n’était rien d’autre qu’une journée pour scouts attardés. Après ce 23 mai 2009, Florent a disparu. Mathieu Maye aussi. Le second parce qu’il avait fini son sale boulot, le premier parce qu’il avait… changé d’idées politiques ! Radicalement ! Après mûre réflexion, il était devenu « antifasciste » ! « Antifa » comme disent les gauchistes.

Il n’est certes pas interdit de changer d’avis. Mais son brusque revirement relativise, et pas qu’un peu, le « reportage » de Mathieu Maye. Dans Les Infiltrés, Antoine alias Florent est celui par qui le scandale arrive. Celui qui demande à l’infiltré s’il a lu Les Cahiers de Turner : « On s’est inspirés de pas mal de bouquins pour créer ça [Dies Irae, Ndlr]. » Puis il explique : « C’est un bouquin que tu peux télécharger sur Internet. Ça raconte en fait l’histoire d’un groupe de combattants américains qui se sont battus contre l’Etat américain. Et qui ont gagné finalement… Et puis voilà… On peut voir pas mal de choses qui peuvent être appliquées complètement… »

Les Cahiers de Turner ? Mathieu Maye n’en revient pas : « Un mouvement politique qui se sert des Cahiers de Turner comme ouvrage de référence, l’information est à peine croyable ! » « En effet, explique l’infiltré Mathieu Maye, les Cahiers de Turner, écrits en 1978 par un leader néo-nazi américain, est un brûlot haineux, véritable mode d’emploi de la guerre civile contemporaine. L’auteur y prône la création de milice autonomes, entraînées et prêtes à détruire le système démocratique. » Suit un bout d’interview d’un Américain qui assure : « Ça commence par la pendaison des Noirs et des Juifs dans la rue. » Gloups.

La petite amie du « facho » : une militante de Besancenot !

[…] « Pour en savoir plus sur ce groupe qui dit vouloir s’inspirer des Carnets de Turner » : tel est l’enchaînement fait par Mathieu Maye, entre l’entretien avec Antoine/Florent, et les images du pseudo camp d’entraînement. Il reviendra sur cet ouvrage encore et encore, avec toujours, pour seul élément, les propos d’Antoine/Florent, qui, au moment où l’émission est diffusée – près de dix mois après l’infiltration ! pourquoi maintenant ? – doit la regarder avec sa copine… trotskiste, avec laquelle il était déjà à l’époque !

La jeune femme appartient à la branche jeunes du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot. A Dies Irae, il avait omis d’en faire état. Après tout, dira-t-on, c’est sa vie privée. Certes. Sauf que tombée amoureuse d’un « faf », celle-ci en a fait un « antifaf » pour qui « un faf est un être abject ». Avant l’infiltration ? Pendant ? Après ?

[…] Le 6 juin 2009, deux semaines jour pour jour après la « journée de cohésion » de Dies Irae, a lieu à Bordeaux une Marche pour la vie. Un défilé qui va réunir 2 500 personnes contre l’avortement et l’euthanasie. Des membres de Dies Irae, mouvement catholique, y prennent part. Au moment où le cortège se constitue, Florent apparaît. Il salue les uns et les autres, puis s’enquiert de la façon dont la marche va se dérouler… avant de disparaître.

On l’oublie. Jusqu’à ce qu’un sympathisant de Dies Irae, voyant un rassemblement de gauchistes s’opérer au loin, ne se décide à aller voir. De pas trop près quand même mais il se dirige vers eux. Et tombe nez à nez avec Florent qui se trouve en compagnie de deux copains. Le sympathisant de Dies Irae arbore des autocollants « pro-vie ». Florent est gêné. « Tu le connais ? », lui demande un de ses copains ? « Enfin… oui… je lui ai acheté du vin… », et il file, laissant l’un en compagnie des deux autres… qui ont été à deux doigts de lui défoncer la gueule !

Un « infiltré », lui aussi, Florent ? Sans doute pas. Pour l’un de ses anciens amis, qui a accepté de nous en parler – et qui tient à préciser qu’il « peut être tout à fait charmant » –, son problème est « son manque de capacité à développer par lui-même une réflexion » : « Il vit au jour le jour, et sa “pensée“ est aussi évolutive. Il est toujours de l’avis du dernier qui parle. » Et le dernier qui parle, dans sa vie, depuis deux ans environ, c’est la dernière. Sa copine du NPA.

Lui a-t-il raconté, à elle aussi, qu’il avait été […]

Pour lire la suite des révélations de l’hebdomadaire Minute à paraître demain, et notamment le long message « antifasciste » de Florent en date du 28 février dernier, cliquer ici.

Numéro de Minute disponible en PDF

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