mercredi 20 avril 2011



A la messe chrismale, les diocèses retrouvent le sens de l’unité

Cette semaine, dans tous les diocèses, comme à La Rochelle, prêtres, diacres et fidèles se réunissent pour célébrer la messe chrismale et manifester la communion de l’Église diocésaine autour de leur évêque Le P. Yves Blomme, 63 ans, curé à La Rochelle, professeur d’histoire de l’Église à la faculté de théologie de l’Université catholique de l’Ouest, se souvient des messes chrismales auxquelles il assistait lorsqu’il était jeune homme. « Elles étaient célébrées le Jeudi saint, à 9 heures, avec une assemblée réduite. La liturgie était très ritualisée. Après le Concile, elle a évolué, l’assemblée s’est peu à peu élargie, jusqu’à concerner aujourd’hui l’ensemble des acteurs pastoraux. » Depuis le concile Vatican II et la réforme liturgique, la messe chrismale a en effet pris une autre ampleur. Elle revêt aussi une forte dimension symbolique : toutes les options et sensibilités ecclésiales s’y trouvent représentées, loin des tensions qu’elles peuvent créer dans le fonctionnement quotidien des diocèses. D’ailleurs, cette messe, en principe célébrée le matin du Jeudi saint, peut être anticipée un autre jour de la Semaine sainte pour permettre à chacun d’y participer. Dans de nombreux diocèses, elle est précédée par la rencontre annuelle de l’ensemble des prêtres du diocèse (le presbyterium).

«Je suis heureux que nous soyons ensemble»

L’initiative prise en 2010 par Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, d’intégrer la messe chrismale dans ce qu’il appelle « la journée de la communion diocésaine » est significative. C’est ainsi que, lundi, les prêtres, les diacres et leurs épouses, les séminaristes, les équipes pastorales, les chefs de service, les animatrices et animateurs pastoraux, et les membres du conseil diocésain de la vie religieuse se sont retrouvés à Saintes, cœur géographique du diocèse. « Que l’Église soit définie comme communion est une réalité tout à fait ancienne et traditionnelle, toujours vécue par nos frères orthodoxes et remise en valeur par l’approfondissement du concile Vatican II », a rappelé Mgr Housset dans son homélie. « Je suis un évêque heureux, confiait-il peu avant, et tout particulièrement ce jour-là. J’aime la diversité de tous ces hommes et femmes qui essaient d’apporter leur réponse propre à l’appel du Seigneur, quelles que soient leurs situations et leurs charges. » Le P. Robert Du Lattay, 77 ans, Fils de la Charité, prêtre à La Rochelle et aumônier de la mission de la mer, partage cette joie. « Tant de personnes m’ont fait prêtre et m’ont aidé à répondre chaque fois que Jésus me demandait comme à Pierre : “M’aimes-tu ?”, confie-t-il. Je suis heureux que nous soyons ensemble. »

«Entrer dans le mystère profond de l’Église»

Même tonalité dans les propos de Martin Rokusek, responsable de la communauté du Chemin-Neuf, à qui le diocèse a confié l’abbaye de Sablonceaux. « Cet événement manifeste l’unité de l’Église. Il est la preuve qu’avec nos richesses et nos pauvretés, nous essayons de construire pour donner la vie et la joie. » Pour Didier Mathis, responsable de la pastorale de la santé, oblat bénédictin d’En-Calcat, « la communion est quelque chose de charnel. Nous sommes disciples de l’Incarnation. Cela passe par des moments où on est ensemble, gratuitement, sans dossiers sous le bras. Ce jour-là, l’Église se présente sous forme de visages et pas seulement de noms dans l’annuaire. Ces échanges qui précèdent, c’est déjà la messe !… » Élisabeth Cazenave, 58 ans, déléguée épiscopale aux animateurs pastoraux, apprécie justement l’aspect « fête de famille » de cette journée, « signe d’une vraie communion ». Comme beaucoup, elle est également sensible à la liturgie de la messe, qu’elle considère comme « l’aboutissement » de ce rassemblement, notamment à la « belle liturgie des huiles qui vont accompagner le chemin de foi des chrétiens ». « La messe chrismale nous fait entrer dans le mystère profond de l’Église qui nous donne des signes visibles, concrets, que Dieu continue d’agir dans le monde », ajoute Jérôme Duprez, 21 ans, séminariste en première année à Bordeaux.

Un rendez-vous encore trop méconnu

Le renouvellement des promesses d’ordination par les prêtres, mais aussi désormais les diacres (même si le rituel ne le prévoit pas), est également un moment marquant de la célébration. Pour le P. Bernadin Auguste, prêtre de la société de Frères de Saint-Jacques, il prend même une importance particulière. En 2008, 30 personnes du diocèse de La Rochelle – où il avait fait son stage pastoral – étaient présentes pour son ordination en Haïti. Aujourd’hui vicaire de la paroisse de Saint-Jean-d’Angély, il a, plus que tout autre, conscience de renouveler ses promesses sacerdotales « en communion avec l’Église locale, qui, dit-il, n’est pas détachée de l’Église universelle ». Pour le P. Christophe Chappot de La Chanonie, 44 ans, vicaire à Saintes, « redire oui » revêt une telle importance qu’il a eu l’idée de proposer aux couples, dans sa précédente paroisse à Royans, de renouveler leur promesse de mariage lors de la messe de la Saint-Valentin… Lundi, la messe chrismale, à Saintes, a rassemblé plus de 600 personnes. Certains regrettent pourtant à demi-mot que ce rendez-vous soit encore trop méconnu. Peut-être, suggèrent-ils, « parce qu’il paraît tourné vers la vie interne de l’Église ». L’expérience de Christian Leroy, diacre, secrétaire du conseil épiscopal, responsable avec Brigitte, son épouse, du diaconat permanent, est à ce titre révélatrice. Ce n’est qu’après son ordination en 2001 qu’il a participé à la messe chrismale.
C’est là, dit-il, qu’il a pris conscience « du lien de communion qui doit exister entre l’évêque, les prêtres, les diacres, les baptisés ».
Martine de SAUTO
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