Remarques à propos de Wiki et de la Turquie
Deux commentaires postés dans la nuit à la suite de L'Insolent du 22 janvier(1) m'amènent à fournir au lecteur quelques précisions personnelles sur ma façon de travailler.
Contrairement à la plupart des blogues, L'Insolent se veut une chronique entièrement indépendante de la présentation courante de l'actualité, écrite dans une langue la plus proche possible du français, en chassant l'anglicisme inutiles et vaseux, etc. (2)
Prétention inouïe, orgueilleuse, insulaire : je sais. J'assume.
On s'y intéresse ou on ne s'y intéresse pas.
Je reconnais à mes lecteurs, de plus en plus nombreux au bout de plus de 10 ans de présence sur la toile, le mérite de la patience, d'une lecture attentive, le goût de certaines nuances.
Je cherche donc à éviter, à tout prix, l'investissement passionné dans le commentaire du commentaire. Je crains terriblement ce qu'on appelle le "beuse". Il n'apporte au lecteur aucune information sinon sur l'ego du rédacteur.
Or, Wikipedia, se révèle à la fois une initiative prodigieuse et souvent très utile à qui sait s'en servir ; mais, en même temps il faut y voir une sorte de monstre qui résume à la fois toutes les potentialités et tous les mensonges, tous les dangers de l'internet.
Soyons donc précis : on peut s'y fier, et s'en servir, quand il s'agit d'y rechercher une courte notice sur les villes de Serbie, ou le catalogue Köchel des œuvres de Mozart.
On doit s'en méfier comme de la peste dès qu'un article touche à la subjectivité, et donc à la politique.
Je lui récuse, sur ce terrain, toute légitimité. Je me refuse par exemple à compléter ou corriger personnellement les notices qui me concernent et qui étaient au départ tellement diffamatoires que j'ai décidé de m'en désintéresser. À l'utilisateur ami de le faire s'il le désire.
On doit bien comprendre, en effet, que sur ce terrain plusieurs petites "cyberforces" concourent à intoxiquer les lecteurs. Elles utilisent pour cela des méthodes efficaces. Au fond on doit les savoir vieilles comme le monde. Elles ont été magnifiquement expliquées, à la grande époque du KGB, maître et rénovateur de la matière, par Vladimir Volkoff.
Inutile de prétendre se confronter victorieusement à ces machineries : il faut simplement en éviter l'éclaboussure en pratiquant ce que j'appelle "l'insularité". La désinformation existera toujours. Ne pas s'y mêler, s'en mêler, voilà tout.
Or, précisément, l'internet, outil technique observé en lui-même, peut aussi rendre le lecteur comme le rédacteur, et, de plus en plus l'auditeur, complètement indépendants.
Toute chose peut se transformer en son contraire…
Venons-en à la question de la Turquie. Ce qui m'intéresse, finalement, n'est pas de "combattre" ce pays et encore moins d'en dénigrer les habitants. À force de les étudier je finis par les estimer, du moins certains d'entre eux. Ce qui me préoccupe s'appelle l'identité européenne et la liberté.
Cette dernière me semble gravement compromise par l'intoxication systématique de ce dossier et par le discours totalement unilatéral qui prévaut.
Pour ce qui regarde l'identité européenne, je remarque que tous les arguments avancés en faveur de l'adhésion d'Ankara, bonne capitale d'Asie mineure, à l'Union européenne militent, bien plus encore, pour l'entrée du Japon. Personne n'y pense, quel dommage !
Ah ! Comme l'Europe deviendrait riche en pétrole si le Venezuela ou le Nigeria en devenaient membres !
L'intérêt que je finis par porter à l'actualité de la Turquie, me forçant à lire chaque matin 3 à 5 articles d'un journal turc, en général Zaman, ou de temps en temps Hürriyet, me dit vraiment quelque chose sur nos identités respectives, nos Histoires, et notre façon de l'écrire.
Alors que penser de cette affaire dont les Français ne se préoccupent guère, puisqu'on ne leur en parle pas, de l'assassinat le 19 janvier 2007 du journaliste arménien Hrant Dink, de son assassin et de ceux qui l'ont inspiré : certainement pas en lisant Wikipedia. Pourtant c'est la première chose que tout le monde fait, en général.
Ci-dessus la capture d'écran réalisée le 19 janvier, en utilisant Google, et en tapant le nom de l'assassin : il en apparaissait beaucoup d'autres mais celui-là, sur Wikipedia était le premier article en langue française. C'était bien évidemment un article confectionné par une intelligente cellule de désinformation, militaire ou nationaliste, turque. J'invite le lecteur à le parcourir, tel que le texte se présentait à ce moment-là. Celui-ci, dans ce cas précis, sera probablement corrigé, c'est la force de Wikipedia. Des lecteurs de différents points de vue s'y engouffreront. Ce sera une petite bataille où la vérité l'emportera peut-être, pour une fois, souhaitons-le.
Agissons, si nous en avons le temps, le goût, la compétence.
Il est 8 heures, ce dimanche matin. Aux lecteurs de passage, et à tous, je souhaite une belle et sainte journée, consacrée au Seigneur.
JG Malliarakis
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