mardi 7 décembre 2010



Temps long…

Lénine et à sa suite Staline furent sans pitié pour l’Eglise orthodoxe et son clergé.

Combien d’églises, de monastères et de biens cultuels détruits ?

Moins de cent ans après, la grande histoire de la Russie reprend son cours :

le président Dmitri Medvedev vient de promulguer « la loi de restitution »… après l’adoption par la Douma le 19 novembre 2010 d’une loi qui n’est pas sans controverse…

Le 20 novembre 2009, le président russe félicitait le Patriarche orthodoxe pour son 63 ème anniversaire.

Vladimir Poutine avait donné le ton le 7 janvier 2010, à l’occasion du Noël orthodoxe invité par le Patriarche de toutes les Russies Kirill, en s’engageant à restituer à l'Eglise russe le couvent de Novodievitchi et en déclarant vouloir rendre à l'Eglise des milliers d'édifices religieux « en bon état ».

Le couvent de Novodievitchi (la nouvelle Vierge), connu aussi sous le nom de monastère Bogoroditse-Smolenski


Carte postale avant 1917…

Dès 2005 l'Etat russe avait commencé à restituer près d’une centaine d’églises et monastères ainsi qu’icônes, reliques et œuvres d'art à l’Eglise orthodoxe.

Temps long…

Portemont, le 6 décembre 2010

Les élites russes – sevrées de débats politiques et sociétaux depuis plusieurs années – se sont divisées et ont polémiqué avec une ardeur rafraîchissante sur un sujet largement ignoré par les grands médias occidentaux – la restitution des biens religieux confisqués par l’Etat à l’issue de la révolution bolchevique.
Le début de l’histoire remonte à 2007. Le ministère du développement économique prépare alors un projet de loi en ce sens. Il suscite d’emblée de vives résistances, au sein même du gouvernement. Le ministère de la culture, en particulier, monte au créneau contre le texte. Mis de côté – le Kremlin, accaparé par la crise, estime avoir des dossiers plus urgents à traiter – il refait surface début 2010. A l’occasion d’un entretien avec le patriarche Cyrille, Vladimir Poutine s’engage à accélérer le processus législatif.
Ce qui est fait au delà semble-t-il des espérances de l’église orthodoxe. En mai, le document – qui doit beaucoup à la plume de soeur Ksénia (Chernega), la responsable des services juridiques du patriarcat de Moscou – est approuvé par les services gouvernementaux. Dès septembre, il est voté en première lecture par la Douma. Il sera définitivement entériné par la chambre basse du parlement russe le 19 novembre (345 voix pour, 52 contre).Les implications de la nouvelle loi sont colossales. Pas moins de 6 500 monuments sont en effet potentiellement concernés par la restitution. Il s’agit très majoritairement de biens ayant appartenu à l’église orthodoxe de Russie avant la révolution de 1917, mais pas seulement : 79 mosquées, une soixantaine d’églises catholiques, 21 temples bouddhistes et une synagogue peuvent être réclamés. La procédure imaginée prévoit qu’un organe habilité sera mis en place. Il recueillera les demandes de restitution et statuera dans un délai d’un mois. La loi prévoit en outre que toute institution devant restituer un bâtiment selon les termes de la loi, si elle n’est pas en mesure – notamment pour des raisons financières – de déménager dans un local équivalent, doit se voir proposer une solution par l’Etat.
Les opposants à la nouvelle loi viennent d’horizons différents et ont mis en avant des arguments de divers ordres. Il y a tout d’abord les communistes, auxquels n’a pas échappé la dimension idéologique du projet et qui arguent de la séparation de l’église et de l’Etat. Les opposants les plus crédibles et ayant eu le plus d’écho sont issus du monde de la culture. En février 2010, quelques semaines après la rencontre entre le premier ministre et le patriarche, les représentants de l’union des musées de Russie en appelaient au président Medvedev afin qu’il s’oppose à « une initiative législative douteuse, de nature à causer un préjudice irréparable au patrimoine culturel ». Selon eux, l’église n’est pas en mesure d’assurer la protection des biens potentiellement concernés par la restitution, qu’ils s’agissent d’églises, de fresques ou d’icônes. Leurs arguments seront largement pris en compte par les autorités. La loi votée le 19 novembre stipule en effet que les biens à vocation religieuse appartenant aux musées, aux archives ou à la bibliothèque nationale ne sont pas concernés par la restitution. D’autres opposants à la loi, notamment à la chambre civique et chez les députés du parti de Vladimir Zhirinovsky, mettent pour leur part en avant les ambiguïtés du texte. Selon eux, certaines dispositions pourraient ouvrir la voie à des détournements.
Enfin, des voix minoritaires – notamment parmi les universitaires – font valoir que la loi ouvre la voie à d’autres réclamations potentielles de la part non plus d’institutions religieuses mais de particuliers, qui pourraient à l’avenir revendiquer des biens ayant appartenu à leurs ancêtres avant la prise du pouvoir par les communistes (comme ce fut par exemple le cas en république tchèque).
Au cours des prochains mois, l’église orthodoxe va donc retrouver une part importante de son patrimoine historique.
Un transfert de propriété que certains observateurs à Moscou comparent, par son ampleur, aux privatisations des années 1990. Il s’agit d’un cadeau de première importance de la part du pouvoir russe. Le « patriotisme » de Vladimir Poutine et la proximité de la famille Medvedev avec le patriarche Cyrille ont joué leur rôle dans ce dossier mais n’expliquent pas tout. Le Kremlin et la Maison blanche souhaitent obliger les hiérarchies des grandes confessions présentes sur le territoire de la fédération. L’église orthodoxe, naturellement, mais aussi dans une moindre mesure les autorités religieuses musulmanes, dont le concours – dans le Caucase ou dans le bassin de la Volga – est critique en termes de stabilité régionale.

http://www.eurint.ch/IMG/pdf/eurint_n10_fr-2.pdf !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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