Maxime BRUNERIE, l’homme rejeté plus vite que son ombre
– par Philippe RANDA
- Point de vue -
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| Philippe RANDA | 
Le destin de Maxime Brunerie, l’homme qui vise plus mal que son ombre, n’est décidément pas un tranquille chemin citoyen ! Celui qui n’était rien et avait voulu devenir quelque chose en tirant à la carabine sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002, vient de voir son adhésion au Modem rejetée par son président François Bayrou. Ce qui lui vaut encore sinon la une des médias, du moins quelques articles… qui s’ajoutent à ceux parus après la sortie de son livre-témoignage. (1)
 Reconnaissons-lui  au passage l’élégance de refuser de renier ses anciens engagements  comme tant d’autres l’ont fait avant lui en espérant un “pardon  citoyen”, pourtant jamais accordé par les sévères gardes rouges du  politiquement correct.
Maxime Brunerie se définit lui-même comme un anti-héros, ce qui est difficilement contestable, mais il est en revanche d’une incontestable dignité, ce qui est assez rare en politique pour être soulignée.
 Maxime Brunerie se définit lui-même comme un anti-héros, ce qui est difficilement contestable, mais il est en revanche d’une incontestable dignité, ce qui est assez rare en politique pour être soulignée.
 Certes,  son adhésion peut sembler une nouvelle empoisonnée pour un parti  politique, surtout concomitante aux macabres exploits d’Anders Behring  Breivik, auteur de la double attaque qui a ensanglanté la Norvège.
  D’autant  que Maxime Brunerie a présenté sur France Inter sa démarche avec un  tact digne de Rantanplan, le chien très “à l’ouest” des BD de Lucky Luke  : “Je suis devenu membre du MoDem (…) Avec humour, je dirais que j’ai  un faible pour les causes perdues.”
  Pour  sa part, François Bayrou ne goûte guère un tel humour et montre en  cette occasion toute sa susceptibilité. Déjà que son mouvement est  régulièrement la cible des humoristes,  il a dû se dire que ce n’était  vraiment pas la peine d’accueillir un tel soutien dans ses rangs. En  temps de guerre, les propos défaitistes sont passibles de la Cour  martiale ; à un an de l’élection présidentielle, Maxime Rantanplan,  l’homme qui est également rejeté plus vite que son ombre, n’aura donc  droit, lui, qu’au bureau exécutif national du MoDem… où son expulsion  est déjà prononcée avant même les réquisitoires.
  Au  moins reconnaissons-lui le bon goût de ne pas avoir tenté un ralliement  auprès du Front national désormais dirigé par Marine Le Pen.  D’ailleurs, il juge celle-ci trop “mollassonne”. Sur l’Europe en tout  cas.
  Aussi,  a-t-il choisi le Modem pour sa réinsertion politique, mais avec un sens  toujours aussi inné de la formule pour se faire aimer : “Je ne dis pas  que c’est (François Bayrou) le meilleur, je dis que c’est le moins  pire…”
  Quoiqu’il  en soit, et quoi que l’on pense de Maxime Brunerie et de ses intentions  sans doute sincères, mais si pitoyablement formulées, il n’en reste pas  moins que la réaction de François Bayrou n’est guère honorable.
  Certes,  tout mouvement politique a le droit d’accepter ou de refuser qui il  veut et pour les raisons qui lui sont propres. Ce n’est pas un commerce  où il est fait obligation de servir tout un chacun sans discrimination  d’aucune sorte.
  Mais  pour un François Bayrou qui ne manque pas une occasion de revendiquer  un héritage chrétien et que même les esprits les plus mal intentionnés  peuvent difficilement accuser d’extrémisme ou de terrorisme, il aurait  été tout à son honneur de tendre la main à une brebis égarée de la vie  militante, de lui donner cette possibilité de réinsertion politique à  laquelle Maxime Brunerie aspire.
  Celui-ci  n’exigeait tout de même pas d’accéder à des responsabilités et avait-il  sans doute encore moins d’ambitions électorales…
  En  refusant son adhésion, François Bayrou entend le clouer à jamais au  pilori de l’infamie politique. Il est probable que l’ex et futur  candidat à la Fonction Suprême soit moins regardant lorsqu’il s’agit  d’anciens condamnés de droit commun qui ont volé, violé ou même tué,  pour leur reconnaître un droit à une entière réinsertion au sein de la  société. Ou en tout cas, à le leur souhaiter, après qu’ils aient payés  leur dette à celle-ci, selon l’expression populaire.
  Rappelons  que lorsque Jean-Marc Rouillan, ancien d’Action Directe, avait adhéré  au NPA en 2008, Olivier Besancenot s’en était alors expliqué dans  L’Express : “Le passé est le passé. Jean-Marc Rouillan a purgé sa peine  de prison. La question, c'est de savoir si un homme qui a purgé sa peine  a le droit de s'engager en politique. Ma réponse est oui.”
  Le  facteur de Neuilly-sur-Seine s’avère à l’évidence moins intolérant que  l’ancien ministre de la république… et au vu des derniers résultats  électoraux du NPA, ce pourrait être une solution comme une autre pour la  réinsertion politique de Maxime Brunerie et sa faiblesse avouée pour  les causes perdues.
  Note
(1) “Une vie ordinaire : je voulais tuer Jacques Chirac”, par Maxime Brunerie, avec Christian Rol, éditions Denoël.
 (1) “Une vie ordinaire : je voulais tuer Jacques Chirac”, par Maxime Brunerie, avec Christian Rol, éditions Denoël.
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