La leçon du cheval de Troie
Article de Nicolas Bonnal
publié le 27 avril 2011
La leçon du cheval de Troie, c’est que la mise à mort d’une civilisation est toujours volontaire : l’ennemi trouve des collaborateurs et des anges exterminateurs à l’intérieur de nos propres murs.
Il y a quelques veilleurs que l’on bat de nuit (caeduntur vigiles, écrit Virgile, le bien nommé en l’occurrence), quelques hommes de main décidés et l’affaire est faite.
L’affaire est faite parce qu’elle a déjà été gagnée la veille, parce que Troie, décidément, a eu envie, a eu besoin de mourir. Le cheval est une offrande aux dieux ; et, toujours, il y a un sacrifice humain qui précipite la chute des murs.
En Espagne, en 2004, l’attentat a précipité la victoire de Zapatero et la chute des défenses psychiques du peuple espagnol. Mais, finalement, les attentats du 11 septembre ont accéléré l’entropie américaine et européenne, au lieu d’y mettre un terme. C’était une invitation à aller plus vite au désastre.
Depuis les années 80, alors même qu’il n’y a plus d’ennemis (vaporisation du communisme, inexistence concrète de l’islamisme), on observe la volonté de nos élites de nous faire disparaître, en Europe comme en Amérique, dans le cadre de la mondialisation nihiliste.
Chose étonnante, dans le texte de Virgile, les Troyens détruisent leurs murs et l’on ne sait s’ils les reconstruisent après.
La destruction de murailles se fait dans la joie et la bonne humeur. On est déjà dans la civilisation de l’homo festivus. Vive les privatisations des biens publics et des patrimoines des nations régalés aux copains pour une poignée de figues, vive la libération des marchés, vive l’euro et les délocalisations !
Après la fête, la fatigue. On voit de nos jours l’inertie du peuple américain privé de ses biens et maintenant de ses libertés, condamné à toujours s’incliner devant la volonté des lobbies et des deux partis. Le peuple a envie de dormir, il est condamné à l’involution soporifique qui paralyse ses membres. Les Français ne sont-ils pas les plus gros consommateurs mondiaux d’anxiolytiques ?
L’ingénierie alimentaire, planifiée et planétarisée, a, elle aussi, eu pour mission de créer des populations stérilisées, ennuyées, hébétées, disait Baudrillard, obèses, soumises, habituées à dépenser trente dollars d’essence pour aller bouffer du hamburger.
On comprend bien pourquoi l’épisode du cheval a traumatisé toutes les sociétés. Il synthétise moins la ruse de l’ennemi que la volonté de mourir par bêtise et lassitude…
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